Et qui porte ça ?

Hier, le point commun de toutes ces sublimes piedpriétaires était leur origine, Italienne ou Anglo-saxonne. Du Glam, du shoe drama, du vrai show.

Quand on tourne le regard vers les françaises, voilà ce qu’on trouve (95% du temps). Cool et sobre… très sobre…trop sobre ? Même une des plus importantes rédactrices de la presse hexagonale parcourt les FW du monde entier en bottes ZARA hiver 2011! Bon, il faut reconnaître qu’elles sont démentes, je dirai même totalement « Isabel Marant pour Zara ». Je peux témoigner, je les ai quasiment kidnappé du magasin quand je les ai vu, de peur que les autres clientes ne me les arrachent des mains (je les avais moi-même arrachées des mains de la vendeuse qui les disposait en rayon…).

Mais des bottes Zara à 135 euros sur E.A. (un indice), cela reste décevant.

Impossible cependant de lui jeter la pierre, on fait toutes pareil!

Les françaises vous cassent un marché en 2/2. Vous leur proposez un stiletto compensé avec des multi-brides et un colorama Tequila Sunrise de folie? Elles vous répondent, vous les avez en noires avec un talon pas trop haut ? Tous les fabricants de chaussures m’ont toujours raconté la même histoire concernant les acheteuses des Grands Magasins ou des boutiques multi-marques.

Alors, ça veut dire qu’on est fadasse, nous les petites frenchies?  C’est surtout un symbole très fort de notre culture qui supporte difficilement la mise en avant de soi par l’apparence. Mieux vaut se faire remarquer avec un diplôme de Sciences Pô en poche.

Et laissez croire à tous « Qu’il n’y a pas que la mode dans la vie! ». Même si on est rédactrice en chef du Vogue Français.photo Stockholm Streetstyle.



Le Who’s Shoe

Un festival de shoes.

Ce que portent les rédactrices de mode pendant les Fashion Week.

Saurez-vous reconnaître les piedpriétaires? Soit dit en passant, il faut savoir que ces rédactrices ont des objectifs différents des nôtres. Et que leur vie est aménagée autour de la nécessité de porter des stilettos ultra haut. « I don’t want to be cool, i want to be fashion », dixit  Anna Dello Russo sur l’en-tête de son blog (la consultante chef mode du Vogue Nippon, elle est italienne).  Et certains snobismes n’apparaissent qu’à l’oeil expert des enfants du sérail. Par exemple, si vous portez une paire de sandales en plein hiver, ce n’est pas que vous êtes totalement émancipée vis-à-vis des principes de votre mère ( « tu es assez couverte?! »), c’est que vous avez un chauffeur. Plus vous êtes importante, moins vous avez de collants, de manteaux et de sacs. Capito, le subtil message ?

Miu Miu 2012, repérable, mignon, une valeur sûre de la saison, signée Miuccia Prada (photo Tommy Ton).Burberry Prorsum ou la tendance African Queen de l’été. La socquette avec des talons vertiges est définitivement un truc de modeuse. C’est impossible à porter si on n’est pas mince comme un clou niveau mollet, c’est légèrement ridicule, ça glisse dans la sandale, ca fait froid au reste de la jambe, c’est un répulseur à hommes, mais on adore. Encore une référence à notre enfance?(photo Tommy Ton)Les multibrides qui englobent tout le pied, dans un esprit statement (= on ne voit que ça et ça donne le ton de toute votre tenue) (c’est le mot qu’il faut absolument avoir absorbé dans son vocabulaire). (photo Tommy Ton)Le même effet avec des compensées. (photo Tommy Ton)Quelques règles élémentaires. On peut porter les chaussures de la saison dernière mais au moins des Alexander Wang miroir comme ça. Sinon, on reste chez soi.On peut avoir les mêmes shoes que les autres mais au moins les petits clous de Valentino comme ça. Sinon, on retourne chez soi.Spécial débutante. Pour être absolument sûre d’être dans le wind de la FW, on mise sur les Prada de la saison. (photo tommy ton)Et, pour mon petit plaisir personnel, parce que quand même, hein ho, des church’s couleur de ma peau. J’en rêve. (photo Géraldine Dormoy)

SAVEZ-VOUS LE DRÔLE DE POINT COMMUN DE TOUTES CES SHOESISTAS? Réponse demain!



Délice de brides

L’un de mes premiers souvenirs de shoes, c’est le mercredi où ma mère m’a dit : « on va aller t’acheter des jolies chaussures ». Ca voulait dire des souliers de filles vernis, avec des brides et des nœuds et tout le toutim de la beauté trop  belle selon moi à l’époque. Cette expérience bénie des dieux arrivait environ une fois par an et il ne fallait pas la louper. Parce que le reste du temps, c’était basket et gros croquenots d’hiver pour la cour de récré.

D’ailleurs, je me souviens avec précision de ce modèle. Une sorte de ballerine en cuir vernis noir avec des brides croisées sur le dessus. Je les aimais tellement que, lorsque je les portais, je ne pliais pas le pied pour être sûr de ne pas abîmer le cuir et de les garder neuves le plus longtemps possible.

Complètement marteau la gamine hein ?

On ne naît pas femme, on le devient. Est-ce pareil concernant la folie shoesesque ? Ou alors il y a un chromosome de la shoes ? Ma mère et ma grand-mère ont dû me refiler le gêne.

Quelques temps plus tard, disons hier, j’aperçois ces ballerines en nubuck avec trois petites brides sur le dessus. J’accuse le coup. En faisant des petits bonds et en prenant une voix un peu aigû, je répète « elles sont mimiiiiiii, ouhlalalalalalalalala, c’est trop mon geeeeenre ! »

Elles me plaisent autant que quand j’avais 6 ans. Ces ballerines à trois brides ont la beauté des shoes passées. Comme si cette jeunesse enfouie dans mon cerveau était la référence éternelle.

Elles sont signées Atelier Voisin et coûtent 205€.



Les poils en moins

Super fière de ne rien avoir acheté pendant les soldes, j’entre au Bon Marché pour…

Pourquoi ? Je vous le demande !

Alors que j’étais dans une sorte de transe proche de l’anorexie vestimentaire, dans un total contrôle de mes pulsions acheteuses, débordante de sur-maîtrise de moi-même, mes mains se frottant toutes seules à l’idée de pouvoir dépenser plus dès les nouvelles collections installées…

Tout a été balayé en 5 min. Deux jours avant l’armistice soldesque.

Le stand Stella Mc Cartney (oui, la fille de Paul) m’a attiré comme les prêtresses de l’Île du plaisir dans les 12 travaux d’Astérix (faut ce qu’il faut en matière de citations). Et j’y ai vu ce que je voulais y voir : ces bottines de mec en cuir vernis avec une barrette de métal, genre « je bois du wisky 70 ans d’âge dans un Club privé avec accès sur invitation avant d’aller au Gala de charité de Sir R.W. avec ma cape sur mon smoking ».

Super soldées, super dans ma taille, superbes à mes pieds. Emballées, c’était pesé. Régime shoesesque flingué.

Je les avais repérées dès le 27 février 2011, soit près de 7  mois et demi avant leur sortie en boutique. Je les ai même pris en photo dans le Vogue du mois de juillet 2011. PREUVE :

(la folle qui essaie de calmer ses pulsions en accumulant des photos), je suis allée les voir en boutique dès septembre, trop chères. Puis je suis retournée les lécher du regard en octobre. Toujours trop chères. Puis, j’ai dû me résoudre à les oublier.

Après tout, qu’est-ce qui me pousse à désirer avec tellement de vigueur des chaussures de mecs ? Ai-je vraiment envie de ces attributs qui me font défaut ? Ne suis-je pas plus forte devant le phallus manquant, Bor%/+¨.**el ? Alloooo Docteeeuuur?

C’est si beau, ces chaussures plates, sans entrave pour la démarche, qui vous twistent la féminité en un tour de zip.

C’est si bon de mélanger les genres.

D’ailleurs, vous avez déjà vu les jambes d’un mec quand il se déguise en femme ? C’est poilu, mais dieu que leurs gambettes deviennent longues et fuselées. Encore plus belles que celles d’une femme.

Eh bien, les chaussures d’hommes sur une femme, c’est pareil. Les poils en moins.



Il n’y a pas que les chaussures dans la vie

Il y a aussi les chaussures de Tango.

Dimanche, la marraine de mon cher et tendre (oui, il a une marraine, on les prend comme ils sont que voulez-vous) se lève de table vers 16h, sort de la pièce et revient avec un sac shiny glitter argenté. Puis, elle en sort une paire de pompes à talon aiguille, avec des effets de python métal. Elle les enfile. Je n’ose rien dire. MAIS BON SANG, QU’EST CE QUI LUI PREND ?

« Je vais au Tango, il y a une milonga juste à côté de chez vous, dans la crypte de l’église ».

Une heure et trente minutes plus tard, je suis moi-même dans cette crypte, magnifique et majestueuse (la crypte, pas moi), face à un orchestre de femmes, subjuguée par les danseurs sur la piste improvisée. Et par les pieds des femmes. Elles ont toutes des sandales à talons aiguilles si belles que je suis envoûtée. Je les regarde danser et bouger, tourner ou glisser les pieds avec un tel émerveillement que je sais déjà que ma psy va se régaler avec cette histoire. Mais enfin, toutes ces sandales multicolores, qui brillent et qui semblent étudiées pour rendre les jambes des femmes sublimes, c’est quand même pas ma faute si ça existe, si c’est beau, si cela n’arrive jamais d’en voir autant à la fois. Non?

Alors que je m’inquiète au plus haut point de mon addiction féti-shoesesque, une main se pose sur mon épaule. Voilà, je suis repérée, on va me demander de sortir.

Non, en fait, c’est mon cher et tendre. Koi, ké ki veut à me déranger là, en pleine extase?

Il me montre un truc au loin, je regarde, je vous jure que je deviens muette. Sur une table, des dizaines de chaussures de tango. Un mec est là, il les vend. Oh. Non. Oh. Je. Dois. Y. Aller.

Et là, je peux vous dire, que lui et moi, on s’est entendu comme deux sommeliers médaille d’or qui seraient prisonniers dans un ascenseur et découvrirait leur point commun.

Il m’a expliqué que les chaussures sont fabriquées en Argentine, que les deux marques les plus dansées sont NeoTango et Comme il faut, qu’elles sont déclinées dans des dizaines et des dizaines de couleurs. Je lui ai demandé gentiment si je pouvais faire des photos. D’un air complice, il m’a montré la découpe d’un talon, le travail du cuir sur un modèle, le subtil positionnement des pois sur une lanière. Une conversation entre esthète, quoi.

Ce qu’il y a d’extraordinaire avec les chaussures de Tango, c’est qu’elles ne sont pas du tout fashion ni rien, mais qu’elles reviennent à l’essentiel. L’essentiel de ce que doit être une sandale, une sorte de serpent qui s’enroule autour du pied pour envoûter le regard (ami poète bonsoir).

Si le monde s’écroulait, il ne faudrait conserver que les chaussures de Tango.

Porter une chaussure de Tango et mourir. Parce que, comme dans la chanson, on aurait atteint le paroxysme.

Du coup, je n’en ai pas acheté, parce que je voulais conserver l’opportunité de continuer à désirer des chaussures imparfaites, comme des Miu Miu ou des Louboutin.


 
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