Qu’est-ce qu’un comportement normal et sain ? (face aux chaussures)

Libérée de tous soucis, livrée corps et âme à l’écriture d’un coriace article, j’étais bien.

Puis, mon esprit a dit :

« Siouplé m’me Mathilde, est-ce que, siouplé, on pourrait-i pas faire une micro pause ? »

Silence. Doigts qui tapent sur le clavier.

« Siouplé, on vous supplie, on est sûre m’me Mathilde qu’on repartira ENCORE plus fort de fort ? »

Indifférence ferme de ma part.

« M’me Maaaaaaaaathilde, on n’est pas sûr de pouvoiiiiiiir vous souteeenir encore longteemmmmppppssss. » Idées qui s’emmêlent. Voyelles puis consonnes floues…

Comme je ne suis pas mauvaise, dans le fond, j’ai cédé.

Eh bien, je ne le referai jamais plus. Je le retiens mon esprit. Qui est-ce qui n’est plus à son bureau ? Qui est-ce qui court ventre à terre vers les Jardins du Palais-Royal ? Qui est angoissée à l’idée de passer à côté de l’évidence shoesesque de la saison, évidence soudainement apparue après une demande de pause émanant de mon fourbe cerveau ?

Je vous le donne en mille. MOI.

Une pause = 3min de geek (= de navigation sur les blogs) = visionnage d’une photo de mode = souvenance d’un modèle entre-aperçu au fin fond d’un show room il y a 5 mois = recherche de son existence commerciale sur les sites e-vente = dépassement des 3 mins autorisées = désir de possession = délire paranoïaque du sold out (= article épuisé) = course éperdue pour le ramener dans ma tanière.

1 – elles sont fluos. Et c’est extra-ordinaire, franchement essayez, cela donne un rythme à toutes les silhouettes. C’est féminin, avec cette pointe de girly tout en douceur…

2 – elles sont en liège. Raaa les seventies. Farah Fawcett.

3 – Elles ont l’air tellement tellement confortables. C’en est harassant.

Et le 4, je ne le dis pas parce que cela ne renvoie pas une bonne image de moi-même. (Contrairement à tout ce que j’ai dit jusqu’à maintenant).

« Sioupléééééééé ».

Roooaaannn. Bon, c’est un peu, mais cela ne m’enlève pas mon jugement, parce que c’est Stella Mc Cartney et que, bon, j’aime bien la marque. Voilà.Fearne Cotton, une it-girl anglaise, qui les porte. Avec le pull façon Miami Beach et le jean destroyed, elle est dans la pure tendance 2012. Mais il y a tellement d’autres choses à faire…



Comment naît-on Hype ?

Pour une chaussure bien sûr, pas un être humain.

Quoi que, ce ne soit pas si différent.

Un bébé hype naît de deux parents qui créent le buzz. La quintessence du genre ? Lila Grace, la fille de Kate Moss et Jefferson Hack, créateur du mythique journal anglais Dazed&Confused.

Chez les bébés baskets, une naissance importante a eu lieu cette semaine. Une naissance très très hype qui fait des étincelles dans le cerveau des branchés.

Papa Van’s et maman Kenzo annoncent l’arrivée en série limitée et sur liste d’attente de Era Filet de pêche. Drôle de patronyme mais lourd de sens niveau pedigree.

Tout le monde connaît ce modèle de basket de skate. Qui n’a pas, même un chouya, envié celui qui, au collège, les avait à carreaux noirs et blancs sans lacet ? ahah. On peut dire qu’elle est culte.

Mais et Kenzo me direz-vous, c’est pas vraiment hype ?!

Mais si ! Et ce, depuis moins d’un an. Depuis que Humberto Leon et Carol Lim ont repris les rennes de la direction artistique. Ces deux-là, ils sont hypes, mais alors, very hype. Hypissime même, comme diraient les magazines féminins.

Ils sont les créateurs du label Opening Ceremony. La boutique a Nyc est incontournable dans la Big pomme. Et Chloé Sévigny est une grande copine. Hype.

Cet imprimé chromatique est issu de leur première collection pour Kenzo sur le printemps-été 2012, un imprimé devenu emblématique. donc hype.

Voilà, le tableau de famille est dressé.

je n’ai pas pu m’empêcher de me demander comment les parents Van’s et Kenzo s’étaient rencontrés.

Les deux créateurs, Carol et Humberto, ont grandi à L.A.. Donc ils ont collectionné les baskets Van’s en quantité impressionnante (ils le disent eux-même) . Pouvoir mêler la French Couture avec le sporty cool légendaire de la côte ouest, c’était waouh, un rêve.

Du côté des français, il y aussi un engouement tout particulier pour cette culture skate&surf de la Californie des 70’s. En mars le magasin Colette organisait une immense kermesse sous une tente dans les jardins Tuileries, avec jeux régressifs, culture skateboard, hot dogs new yorkais, concours de graff’, le tout dans une ambiance branchée et bon enfant. À l’entrée, on pouvait croiser la légendaire Sarah, co-propriétaire avec sa mère de la célèbre boutique, dans sa tenue-costume habituelle : jupe ample coloré et… Van’s aux pieds.

Je me suis demandée un instant si ce bébé-hype n’était pas une commande spéciale initiée par Sarah. Une marraine idéale.

Disponibles dans les boutiques Kenzo, sur le site kenzo.com et dans une sélection de points de vente tels qu’Opening Ceremony et Colette dès la mi-mai 2012.

À partir de 90 euros.



Copie inspirée ou inspiration copiée ? #3

La version hispaniques des fameuses Susanna de Chloé. Certes, elles sont moins Jacksonisantes mais coûtent près de 800 euros de moins que les cloclo.

De quoi méditer en ce début de semaine.



Yes, we c(h)an(el) ?

Mais oui cette question est énorme. problématique. Presque métaphysique.

Pendant des années, les chaussures Chanel se résumaient à cette imagerie-la :Le soulier au beige bien pensant allié au noir du bout, le tout bien planté dans un talon de 5,5. Et pour la demi-saison, la bride arrière découvrant le talon (toujours porté avec un collant bien sûr). L’autre déclinaison étant la salomé (une bride en forme de T sur le coup de pied).

Ou pour résumer : les escarpins de tante Simone, résidante sexagénaire du XVI ème arrondissement de Paris. Voir de la cousine Aurora, habituée des salons de thé du VII ème. Ou encore, de la grand-tante Bernadette, propriétaire d’un pavillon cossu dans le parc de Maison Laffitte… Bref, un mélange de vieux et de friqué, de qui donne ses pieds en spectacle aux cochons de bourgeois (c’est pas moi, c’est Brel).

Rien à voir avec les sacs, devenus presque trop rock’n’roll pour mamie Thérèse du Vésinet.

Ce noir et ce blanc, l’un des codes Chanel les plus célèbre et les plus copié, on l’aime et on le déteste.

On le déteste parce qu’il est entré dans le langage commun de la mode, et du coup, réemployé à des fins mercantiles exemptes de beauté et de création (ouf, ça c’est de la phrase !).

On l’aime, parce que sa simplicité efficace est entrée au panthéon des  belles shoes. Devenu « Intemporel », il irradie.

Forte de cette ambivalence, ces salomés vues à la présentation des collections de l’hiver prochain chez Chanel, ont remué mes tripes de shoesista. Et si je mettais des chaussures Chanel ?!! Ou quand les codes éternels d’une maison s’inscrivent à merveille dans la réalité de mes fantasmes.

Les salomés m’ont toujours titillées le subcons’, un truc de petite fille. Ces brides qui se croisent sur le pied, le dessinent avec discrétion et modestie (point de multibrides agressives), c’est… c’est… tête renversée en arrière avec léger mouvement de gauche à droite et yeux à demi-fermés. C’est être une femme bien. (au moins ça).

Et ce noir et blanc tellement inscrit dans l’histoire de la mode, c’est empreinter une nonchalance à la femme libérée du XXème siècle, bref, c’est véhiculer un message universel.

Bon, et puis porter une paire de Chanel, c’est quand même la classe quoi.

Chanel, bon sang.

Disponible en boutique en juillet 2012.



Une équation

Quand j’ai commencé à m’intéresser sérieusement aux chaussures (comprenez, quand j’ai enfin eu le droit de porter des talons de 10 ), la mode c’était ça :C’est ultra flippant hein?

Des escarpins très pointus avec des talons ultra fins. La vraie aiguille. C’était le basique qui faisait fanstasmer mon inconscient de jeune fille. J’étais alors stagiaire chez Vogue, et je voyais passer et repasser Carine Roitfeld, ses mollets tendus et subtilement modelés par ses mythiques Manolo.

Ensuite, il y a eu l’avalanche Louboutin, et sa science shoesesque de l’escarpin noir. Bout légèrement rond, ou un poil pointu, zeste de compensé ou hauteur pure, courbure appuyée ou lignes aux couteaux, cuir vernis noir ou simplement mat… Comme pour les Thés Mariage ou les saveurs de chips (paprika ou oignon-cream ?), c’était à chacune son style.

Leur point commun ? Le dé-co-lle-té, ou le règne des doigts de pieds en liberté (voir en semi-liberté pour les pudiques). Louboutin avait inventé le fétichisme de la fente doigtdepiesque.

Hier, en un instant, dans une rue longue du centre de Paris, le monde a basculé. Une ère nouvelle et sereine, exempt de fente, est devenue visible à mes yeux. Au show-room Stella Mc Cartney hiver 2012, il y avait ça :

L’escarpin bout rond, talon aiguille à message sexy et, et, et, échancrure haute sur le coup de pied. Adieu veaux, vaches, doigts de pieds, tout le monde rentre à la ferme, finie la balade. Le cuir remonte… sans que le charme ne s’évapore. Imaginez le dessin de la cambrure du coup de pied, subtilement réhaussé par le cuir ? ouh la laaaa.

Drôle d’équation : moins il y a de cuir, plus c’est sexy. Plus il y a de cuir, plus c’est sexy. Ahahaha, alors les matheux, échec et mat hein !?

Les shoes, ce n’est pas logique, c’est so chic.

(quoi ? quoi ?!!)



Copie inspirée ou inspiration copiée ? #2

Vraiment, ça me fascine…

Bêtement copier, c’est nul. Pas de tête, pas d’idées. Mais cette manière d’aspirer la création et d’en recracher ce genre de modèle. Ca me fascine.

Même si ce n’est pas politiquement correct…

Ou commence le vol, ou s’arrête la circulation des idées?



Ce n’est pas parce qu’…

…Ils ne représentent que la moitié de la population mondiale qu’on ne doit pas parler d’eux. Même si souvent, niveau « libres dans leurs pompes », ils n’assurent pas une cacahouète. D’ailleurs, je voudrais bien en dire plus, mais QUE DIRE ? Leurs souliers ne varient pas d’un iota, matin comme soir, été comme hiver, XXème comme XXIéme siècle !

Du coup, je les oublie. Et ils me le font bien remarquer. Les hommes.

« Quand est-ce que tu parles de shoes de mecs ? »

Alors, voilà.

Je trouve l’info géniale et comme son collègue du dessous, Zara, est un chef chez les shoesistes, je suis sûre que ces Massimo Dutti (oui oui c’est le groupe Inditex) font la blague.

Pourquoi ? Parce qu’elles sont sur-mesure. Enfin, on n’est pas chez Berluti, vous pouvez la composer vous-même, elle n’est pas taillée à votre pied. C’est un genre de MTO démocratique. (BAH !! Made To Order !!!!)

Vous choisissez entre neuf couleurs de nubuck, trois couleurs de cuir, ou du tissu imprimé pour le dessus et quatre coloris concernant la semelle. Ensuite, vous apposez vos initiales. Plutôt sympathique comme démarche, non ?

Ils surfent vraiment sur la vague du « je veux être unique » « y’en a marre des chaînes » « et de la mondialisation » « retournons aux vrais valeurs » « prônons la décroissance », bref « achetons de nouvelles chaussures ».

Le tout pour 165 euros, c’est tentant.

Le premier qui essaie, il nous en fait part ? 

Modèle Blutcher, disponible à la boutique Massimo Dutti de Madeleine à Paris, 24, rue Royale.


 
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