Ça sert à quoi, la Paris Fashion Week ?

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Pour les acheteurs, c’est facile de savoir ce qu’ils font à la PFW, pour les marques aussi, mais tous les autres ?

Voici un exemple de son utilité pour les rédactrices de mode (comme moi) : se nourrir pour faire des photos. Comme ici, et c’est en avant première hein, avec cette série shootée pour le Please Magazine avec Olivia.

C’est ma cuisson finale. C’est la digestion de tout ce que j’ai vu dans les show-rooms, sur les défilés, aux pieds de mes consoeurs ou des stars (héhé). Pour moi, c’est un pur moment de fantaisie. Je me fais prêter toutes les chaussures de la saison que je préfère, je réunis autant de socquettes et on commence à cuisiner. On mélange les couleurs, les formes et les matières, et on se raconte des histoires. Le léopard qui devient le nouveau noir (tellement qu’il est intemporel) (mouarf je sais), le rose qui devient politiquement correct (et va tellement bien à toutes les mines), le graphique qui envoie du bois et le métal qui devient le nouveau noir tellement il est facile à porter (mouarf mouarf).

On a eu envie de la moquette le matin même des photos, et ce fut rocambolesque pour trouver ce léopard. Mais quand on est motivé, on trouve toutes les carottes du monde, n’est-ce pas ?

Les ingrédients sur cette image ? Chaussures Nicholas Kirkwood et socquettes Gerbe, pochette Roger Vivier.



PFW 14 : coup de coeur et coup de gueule.

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Hier, mon animus a rencontré son anima-shoes. Chez Robert Clergerie la femme conjuguée au masculin se met au temps du mix des couleurs et des matières. Des serpent un peu gris, un peu bordeaux et des brillances rose métal ambiance Tom Dixon, le tout sur un derby sérieux de mec qui affirme son statut de mec. Le tout fabriqué en France (détail qui a son importance, vous allez voir) et imaginé par le directeur de création : Roland Mouret.

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Je n’ai qu’un mot : Wish List (parfois le désir brut efface toute autre velléité !).

Et pendant que l’industrie de la mode internashionaul essaie de vendre ses produits en grande pompe,  les dernières usines françaises et les êtres humains qui savent fabriquer des chaussures sont en train de mou-rir. L’usine près de Romans (l’un des berceaux de la shoes) qui fabrique les chaussures de Kélian et Jourdan ferme demain, le 28 février, et personne, pas même le gars qui se balade en marinière sur les couvertures de magazine, ne bouge ses fesses. Il y des jeunes créateurs, des gens confirmés, qui fabriquent déjà là-bas, est-ce qu’on ne peut pas y croire, bon sang ? Lisez cet article, s’il vous plaît.



C’est quoi la Paris Fashion Week en vrai ?

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Photo Jane Harris.

J’ai mangé un Merveilleux à la crème et au chocolat du Pain Quotidien à 11h ce matin, j’ai fait couper ma frange par la coiffeuse (et non par moi avec les ciseaux à ongles des enfants), j’ai  appelé des dizaines de gens pour m’assurer qu’ils allaient bien m’inviter à leur présentation de collections (vous ne voyez pas le problème?)(vous faites souvent ça, vérifier que les gens vont  bien vous inviter aux dîners qu’ils organisent ?), bref mon moi est en panique, pas de doute, la semaine des défilés parisienne est à Paris.

Dans cette arène, le jeu des apparences est tellement violent que même si l’on y renonce, on ne peut rester de marbre devant une telle « guerre du voir ». Même de loin, vous avez pu remarquer ces images de foules aux abords des défilés, ces silhouettes clownesques adulées ou décriées (par ceux-la même qui les portent!), vous avez entendu parler des stars du système, d’Anna Wintour, de leur chauffeur, de leur pouvoir sur-toute-l’industrie-de-la-mode, de leurs caprices. On vous a raconté leur vie, ou plutôt leur train de vie. Mais quand on est un humble docteur Shooooes comme moi, qu’est-ce qu’on y fabricote à cette semaine des défilés ?

Dans cette arène encore, il faut savoir garder sa ligne (pas le régime non) (la ligne qui guide notre âme) et ne pas se laisser divertir par les lumières trop brillantes des grandes maisons.

Mon dada (et ma différence) c’est de parcourir les show-rooms des créateurs de chaussures (sans blague). Mais vraiment tous tous. Et de leur demander gentiment de me laisser regarder par le bout de leur lorgnette. Ils sont là autant pour la presse que pour accueillir les acheteurs et ils jouent leur vie. Du coup, on est tous un peu hystéro (je n’ai jamais vu le marché du film à Cannes mais ça doit y ressembler).

Alors concrètement, comment ça se déroule ? Dans les faits, très simplement. Je m’habille avec quelque chose qui me ressemble le plus (il semble que je sois obsédée par « rester moi-même » dans ces moments d’hystérie) (comme si je risquais d’y perdre mon âme) et je mets des chaussures confortables (mais classes hein). Je passe par tous les arrondissements (chicounets) de Paris et je vais découvrir ce que les créateurs ont inventé pour la saison prochaine. Je prends des photos, j’Instagram (promis) et je rencontre des consoeurs avec lesquelles je débats de ce qu’on a vu. Parfois, je vais aussi aux défilés quand le show est un vrai spectacle (ça se perd) (bienvenu dans la rigueur). J’essaie au maximum de rendre la Fashion Week humaine. Pourquoi ? Déjà, parce que trop d’apparence me donne le tournis. Mais surtout, parce que c’est dans la rencontre qui se regarde dans les yeux qu’on se nourrit.

Et à quoi me sert tout cela ? Certes, montrer que j’existe auprès de ma tribu. Mais surtout, faire des réserves d’informations pour les six prochains mois. Avoir des choses croustillantes à raconter sur le blog (qui était chaussé comment!?), des idées pour lancer des papiers, des envies de stylisme pour faire des photos d’édito.

Et pourquoi est-ce essentiel ? Parce que la mode, ce n’est pas que du produit, c’est aussi de l’air du temps. Et l’air du temps, pour pouvoir le raconter ensuite, ça se rencontre en vrai.



MFW 14-15 : des bêtes de bottes.

Chez les italiens, point d’expérimentations étranges à la new yorkaise, mais des bottes de luxe.

Des modèles « statement » (comprenez  = qui se suffisent à eux-même) qu’on peut porter toute nue si on ne sait pas quoi mettre ce jour-là.

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Chez Gucci, les bottes sont en total python et, pardon pour les détails mais c’est une prouesse technique, sont fabriquées de telle façon que la peau englobe la jambe comme un serpent qui l’aurait avalée (iiiish). C’est ce qui donne à la jambe cet aspect fin et élancé.

 

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Chez Fendi, c’est une magnifique cavalière revisitée (avec tout le cheval dans la botte).

 

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Chez Prada, la botte de la saison hésite entre une botte de pluie et une construction aux lignes architecturales ambiance est-allemande. On reconnaît bien le désir de Miuccia de composer une armée des guerrières élégantes.

 

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Quand je disais qu’on pouvait se mettre toute nue ! Jeremy Scott est le nouveau designer chez Moschino et pratique son sport préféré : l’humour par l’exagération.

On attend la suite !



Inspiration copiée ou copie inspirée ? #6

ysl-zara Voilà, les ouvriers de la copie espagnols ont trouvé qu’Hedi Slimane n’avait pas fait le meilleur boulot possible. Qu’il fallait réunir deux escarpins pour en faire un vraiment bien, vraiment commercial.



Oui, les chaussures de la Saint Valentin, ça existe.

kissmekitty Les très très célèbres Kitty flats de Charlotte Olympia envoient des smacks rien que pour nos beaux yeux de la Saint Valentin. J’adore quand le luxe a de l’humour !

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Pour info. (pour ceux qui ne suivent pas) (et je ne vous félicite pas), les voici le reste de l’année :kittyflats1



NYFW* hiver 2014 : la chaussure, nouvelle aire de jeu des créateurs.

J’ai une théorie. Les marques américaines sont tellement surveillées par leurs fonds de pension qu’elles doivent répondre absolument à l’appel du « wearable » (=faut que ce soit portaaaable, vade retro créativité). Mais comme on ne peut pas empêcher un créateur de créer (c’est beau) (on dirait du Ben, non ?) (rooo la vilaine), la chaussure est devenue le terrain de jeu sans limite des jeunes prodiges New Yorkais que le monde entier plébiscite. C’est parfois drôle, parfois beau, sinon carrément moche, mais toujours intriguant. Une revue du Dr Shooooes.

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Il y a la manie de l’étrange, comme cette bottine-santiag-mule (j’ai mal au coeur) de la collection Alexander Wang. Ce n’est pas dénué de charme mais, qu’est-ce que c’est ?

 

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Il y a la mégalomanie de la basket, devenue une cuissarde-spartiate-protège-tibia chez Jeremy Scott. Je ne comprends pas pourquoi personne n’y a pensé avant, ça animerait un peu les matchs de foot. Zlatan ?

 

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Il y a la psychose de la running transformée en sneaker-chaussure-de-montagne-arty-design comme chez Marc by Marc Jacobs. Moi qui vénère les socquettes en plus, je suis ravie.

 

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Il y a le délire de la botte-cavalière-avec-la-peau-entière-de-la-bête (vous avez mal au coeur), comme chez Derek Lam. Mais quelle élégance, non ?

 

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il y a la maladie du talon chelou, comme chez Philip Lim. No sex tonight, n’est-ce pas ?

 

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il y a le traumatisme du lacet de chez Rag&Bone.

 

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Il y a la dépression du bas chez Rodarte. Voilà, quand on tombe sur de jolies chaussures, bah il y a le bas qui tourbichonne pour nous gratouiller là où ça fait bizarre.

Diagnostic ? Ils sont complètement zinzins ces ricains.

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*NYFW : New York Fashion Week. Dans l’aire du hashtag, vous savez que les sigles sont rois.



Que cache la sexualité des américains pour aimer les mules à ce point-là ? #2

muleJe suis dans l’Eurostar et je pique à ma consoeur Fiona son Porter. Le magazine lancé vendredi dernier par le géant de la vente de luxe en ligne net-a-porter.com. Intriguée par les poids lourds dont il s’est doté pour son « inaugural issue » (comme ils disent), je feuillette. Ce post n’est pas là pour constater que le nouveau concept de magazine, ce n’est plus le catalogue (ce qui n’était déjà pas reluisant) mais… la boutique. Maintenant, vous achetez directement ce que vous voyez dans votre journal favori. (concept à débattre)

Non, le véritable objet de mon post est de demander, encore une fois, s’il n’y aurait pas un docteur de la tête dans la salle ?

Alors que je feuillettais tranquille-mèmère ce qui ressemble à un Vogue, voilà que « paf », les revoilà, une page entière à leur gloire. Qui pourrait m’expliquer, je vous en supplie, ça me passionne, ce qui se joue de la sexualité des amerloques pour qu’ils se pâment devant des pompes qui sont à moitié terminées ? Si l’on part du principe que la chaussure est à très haute température sexuelle, que signifie le talon mis à nu dans l’horoscope analytique ?

Quand mes yeux, qui sont français, regardent une mule, ils trouvent ça vilain, bizarre et pas sexy du tout. Quand des yeux américains regardent une mule, ils trouvent ça, je cite Manolo Blahnik ( le king de la shoes) « the most exquisite little thing » (= la mignonneté la plus cutissime de la terre entière). Et des rédactrices plutôt confirmées dans leur job s’amusent à mettre en gros dans les pages des photos de pieds mulés.

Quelqu’un ?



Comment être bien sous tout rapport, même en basket ?

Messieurs, vous êtes serrés dans vos derbies en cuir à bout fleuri ?

Mesdames, vos coussinets crient au secours ?

N’attendez plus, offrez-vous la petite-basket-blanche et flirtez avec la tendance en tout(e) immaculé(e).

Messieurs (Mesdames ?), tendez vers cet objectif :YSLUne ligne « casual-chic » simple et très jean, à laquelle vous offrez des petites-baskets-blanches qui réussissent le tour de force d’être sport et classe à la fois. Bref, pensez Yves Saint Laurent au Maroc. (et grimpez sur le premier toit venu, ça vous fera bien).

Mesdames (Messieurs ?), tendez encore vers celui-ci :JCREWVisuel extrait du look book J.Crew printemps-été 2014. Voilà, on porte des petites-baskets-blanches avec des vêtements stricte-chics, comme si c’était des derbies ou des Zizi de Repetto (mais si vous connaissez, les chaussures lacées blanches de Gainsbourg, vous voyez ?), comme si c’était des chaussures beaucoup plus chics que ce que votre mère vous a appris. Entraînez-vous à faire le switch dans votre tête, portez des baskets mais en y voyant des derbies et donc faites comme quand vous portez des derbies alors qu’en fait vous êtes en basket et que vous allez tout décaler ce que racontait vos baskets en terme de laissez-aller pour avoir LE look. Clair ?

Maintenant, profitez des reco. du bon Dr Shooooes :SAINTLAURENTPour les snobs, vous achetez les Saint Laurent Paris qu’Hedi Slimane a lancé cette année (il a vu les images du Maroc, peut être, sans doute, sûrement).

SAWAPour les bobos et ceux qui ont un coeur, bon sang, vous achetez les Sawa Shoes, entièrement fabriquées en Ethiopie et dont toutes les matières premières viennent d’Afrique.

nikexapcPour les branchés en mode « No Fashion », vous achetez la Nike imaginée par Jean Touitou pour sa marque, A.P.C.. C’est en vente dès le 6 février (euh ouai demain)

stansmithPour les nostalgiques, vous achetez les Stan Smith d’Adidas, rééditées. (quoi, c’est en rupture de stock ?) (vous avez peur de ne jamais en avoir ?) (ils vous font juste un peu mariner pour être sûrs que vous les achetiez) (sont forts oui).

Voilà, vous êtes bien sous tout rapport, même en basket.

Je dirai même « vous êtes basket sous tout rapport ».



C’est pas raisonnable.

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Pourtant, ces chaussons me font rêver.

Et ce qui me fascine, c’est 1/ la façon dont vous fixez cette image avec horreur. 2/ la façon dont vous fixez cette image avec douceur.

Pourquoi ? Parce que ces chaussons nous parlent. Ils font partie de notre imaginaire commun et chuchotent des trucs à notre bien-pensant vestimentaire.

Quelle force sans pitié m’a précipitée sur ce panier pleins de mules en peau bleu layette brodée de fleurettes débiles ? Quel démon a ouvert mon porte-monnaie  pour payer une fortune (franchement, il faut reconnaître que ce n’était pas raisonnable) des chaussons qui vont briser ma carrière de Dr ès Shooooes aussitôt le bouton « publier » pressé ?

Ils me rappellent mon enfance, les porte-monnaies en perles de plastique colorées, les petites fringues de poupées, les trousses et objets d’école nouvellement débarqués de Chine, ils me font voyager avec leurs petites fleurs style rouskaya, m’ouvrent les portes de la datcha en bois et des couronnes de tresses blondes que je n’aurai jamais, ils ont un côté ménagère 50’s qui porterait des dessous affriolant en soie dragée façon Fifi Chachnil  (spécialiste de la lingerie retro méga incendiaire) pour traîner à la maison… Bref, ils véhiculent tellement de clichés que c’en est presque gênant. Mais c’est ainsi que je suis faite.

Ces chaussons, c’est une vie loin de moi, loin des délais incompressibles et tellement stressants (le journal doit bien sortir), des strapontins de métro ou des courriers à en-tête des impôts.

Ces chaussons, c’est un monde qui n’existe pas.

Vous vous demandez surement d’ou sortent ces horreurs/adorables-petites-choses. Hier, j’étais à Londres. À la gare de St Pancras, je suis passée devant une boutique Cath Kidston. Une marque qui pétri le kitsch anglais jusqu’à le rendre bobo et à laquelle je voue une incandescente fascination.

Imaginez ma déception quand, une fois avisé de mon achat, mon cher et tendre a livré sa version, telle une sentence : « ça fait commère, je déteste. »


 
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