L’Adilette d’Adidas, le bon modèle pour se lancer dans la tendance « claquette de piscine ».

Quand je pense que nos enfants ne connaîtront jamais ce fameux cauchemar où l’on arrive en chaussons à l’école… Au train où vont les choses en matière de mode, porter des claquettes de piscine et autre Bunny rose en plein milieu de l’après-midi sera bientôt entré dans les moeurs.

Voici ce qu’on nous vend cette année :

La véritable claquette de piscine portée version « chic ». (Photo Aitken Jolly)

C’est joli en même temps hein ? C’est graphique, en rupture avec les très attendus derbies ou ballerines, et, détail non négligeable, c’est confortable. Et pourtant, testez-les, elles vous épuiseront. Le regard de chéri, les voisins dans l’escalier, les parents à l’école, le métro, l’arrivée au bureau, la réaction de la boss… Il faut se résoudre à l’impensable : non seulement nous risquons de ne jamais posséder cette aura « je suis belle et j’innove » de ces étranges jumelles, mais en plus, ce ridicule ne nous rendra pas plus forte.

Pour les hommes non plus, même les plus « validés », c’est pas gagné :

Je crois que ce n’est même pas la peine de créer le débat car il n’y en a pas, non? Le fait que les claquettes de piscine soient fermement rangées dans la catégorie « beauf et moche » dans tous les esprits est précisement la raison pour laquelle les gens de la mode les recyclent : pour nous provoquer (gentiment hein). Elles s’inscrivent dans la tendances des « ugly shoes » (appellation arbitraire, car pourquoi c’est moche après tout?) (le design est excellent, non?) lancées par Phoebe Philo avec les Birkenstock. La chaussure beurk portée comme si elle était belle est un filon qu’on exploite. Ne vous gaussez surtout pas, c’est exactement cela qu’on attend de vous.

Par ailleurs, est-ce qu’on ne retrouve pas dans l’apparition des claquettes le thème du confort et par là, celui de la liberté qu’on offre au corps des femmes ? N’est-ce pas une nouvelle manifestation du rejet des chaussures de torture que sont les aiguilles ? Des claquettes de piscine à la place des talons… Et si c’était un un manifeste shoeso-politique ?

Les talons aiguilles sont réservés à une catégorie de population +++, right ? Qui peut vivre en aiguille à part celles qui ont des chauffeurs et une nanny à temps plein pour ramasser les jouets ? L’éternelle frustration de ne pas pouvoir en porter nous ramène sans cesse à la même conclusion : je n’ai pas la vie qui va avec.

ALORS QUE, la claquette de piscine a non seulement  un prix très accessible (35 euros) mais est aussi ultra confort (en plus on peut même porter des chaussettes avec). C’est donc la revanche du peuple (nous) face aux riches (eux).

Après la théorie, passons aux choses sérieuses : comment porter la claquette de piscine ? (Parce qu’à force de taper Adilette sur Google, je vais finir par en avoir vraiment envie)

Je ne le dirai jamais assez mes chères petites patientes. Faites comme si c’était les plus jolis escarpins/ballerines/derbies de votre placard. Pensez « chic ». Donc, avec une chemise noire en soie un peu large très féminine et un pantalon cigarette noir, c’est la sécurité. Ajoutez une veste de smoking. Pour les plus audacieuses, mixez-les avec des imprimés africains ou tye&die.

Nota bene : le docteur Shooooes décline toute responsabilité en cas de : perte de job, annulation de pacs ou mariage, attaque au pénal du goût.

Nez retroussé, jambes croisées avec gracieuse élégance (« c’était dur de garder l’équilibre, à un moment, je suis tombée »), le Dr Shooooes dans le miroir de son atelier à Paris.

La semaine dernière, je retrouve Lise pour déjeuner. Presque avant de se faire la bise, comme deux folles cinglées qui s’assument, on se décrypte nos fringues. Les deux femmes d’à côté en étaient choquées et nous, on rigolait.

Lise me complimente sur l’ensemble de ma tenue et je lui crache le morceau : je dois mon look à une gamine de 4 ans. Le matin même, sur le chemin de l’école, une petite trop mimi lookée a attiré mon attention. Son jean taille haute, son blouson court, ses petites-baskets-blanches-en-toiles… Voilà, bah, je l’ai copiée !

Moralité : garder les yeux bien ouverts, l’inspiration peut surgir à tout moment !

Pour infos : Le jean est le modèle de Vanessa Seward pour A.P.C., la marinière a été achetée par ma mère en 1996 à La Redoute, une collaboration avec Jean Paul Gaultier (que je l’ai beaucoup tannée pour l’avoir), le blouson est vintage, les baskets sont des Superga ! (bah les mêmes que la petite hein).

Photo Stéphane Davi pour le chausseur Ernest, spécialiste du talon haut.

Une réflexion qui m’obsède.

Et me fait lever la tête quand cette problématique intervient dans une conversation à côté de moi  (il faut dire que les gens parlent beaucoup de chaussures quand je suis là) (qu’est-ce que j’aimerais pas être proctologue).

Dans l’ensemble, je constate que le talon préoccupe toutes les femmes. Même celles qui ne sont pas très portées sur la shoes. Les talons sont un symbole de la saincro-sainte féminité et l’on ne peut qu’adopter une position en fonction d’eux, impossible de les ignorer.

(suite…)

Parce qu’on louche toujours sur le placard des autres en rêvant de savoir ce qu’il contient, parce que je vis entourée de femmes au CV shoesistique méga blindé, parce qu’il n’y a rien de plus jouissif que de parler de nos bébés chéris (nos shoes quoi), voici la rubrique : « In Her Shoes ».

Il y a une femme qui aime les chaussures peut-être encore plus fort que moi.

Il y a une femme qui y consacre sa vie. Qui a lancé Michel Perry, qui soutient les jeunes créateurs, qui collectionne les flamants roses (comment ça, ça n’a rien à voir?). Elle est agent. Elle se met au coeur du business pour faire pousser les petites fleurs de la shoes.

Il y a une femme qui aime qu’on ne parle pas d’elle et qui gagne à être connue. Il y a une femme tellement pleine d’entrain et d’humour qu’elle collectionne les playmobils (comment ça, ça n’a rien à voir?). Elle a déjà la guinguette de Miami et la piscine en Californie. Quand je vais à son show room, c’est la première chose que je regarde . »Oh la mini crème solaire ! Oh le mini verre à cocktail ». Elle a remplacé tous les bonhommes par des flamants roses « je suis obligée d’acheter 15 fois la même boîte, on ne peut pas acheter les flamants seuls » se plaint-elle. Est-ce qu’on peut faire quelque chose bon sang !?

Il y  a une femme qui a lancé sa marque de chaussures. Des pompes cool et drôles avec les pieds sur terre et un vrai style derrière… Des pompes reconnaissables entre toutes avec un je-ne-sais-quoi de familier. Flamingos joue avec les chaussures comme on jouait à mélanger les couleurs enfant. Pas de censure. Beaucoup de fun.

Cette femme s’appelle Anne Blum.

Quelle est ta paire préférée du moment ?

« Bon, là, je suis obligée d’être de mauvaise foi et de répondre une paire de Flamingos. Parce que, comme je les ai faites et que je les aime bien, j’ai envie de les porter… Mais du coup, je ne veux pas écrire des tartines dessus. »

PS : Vous vous rappelez de ces sandales de pélerin pimpées ? C’est elle.

« Après, je dirais mes Converse… C’est LA chaussure que je porte pour faire tout ce que j’aime en dehors du boulot : les concerts, les ballades en famille, le marché … Problème : je ne sais pas lesquelles photographier. Ce sont toutes des bonnes copines, on fait les 400 coups ensemble. »

Quelle est ta paire mythique (que tu possèdes) ?

« Là, ça se corse. Parce qu’une paire de chaussures, c’est toujours une histoire… Parce j’adore ça… Parce que j’ai la chance de connaître des stylistes, que certains sont des amis, que quand je porte un de leurs modèles, c’est déjà mythique !!! Ensuite parce qu’il y en a tellement que ça me rend dingue de devoir choisir…

Bon allez, je me lance dans deux paires que j’ai, que j’aime, que j’ai usées, qui sont rares et que Nicolas Berny a dessinées : Walkthatwalk et BernyDemore. Elles sont  « fraîches », drôles, différentes. Chaque fois que je les ai portées, on m’a arrêtée pour savoir d’où elles venaient… »

Quelle est ta paire mythique (que tu n’as pas) ?

« Alors là, j’ai envie de parler d’un créateur méconnu, qui n’est pas dans mon placard à chaussures et que je rêve d’y faire entrer un jour : Tokio Kumagaï…

Il a fait des petites merveilles et a inspiré un bon nombre de stylistes de chaussures. On ne lui a pas rendu l’hommage qu’il mérite.

On fait souvent des rétrospectives sur les créateurs de vêtements, à quand celle sur ces fous dingos qui nous ont chaussées ?!! »

Quel est ton prochain achat ?

« Là , je vais être radicale ( mais je n’ai encore rien vu d’autre que les défilés). Je dirais les bottes de Prada. J’ai eu un coup de coeur. Elles m’intriguent, j’ai envie de les essayer au plus vite… Et puis, elles sont rouges !!! «