2015.

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Ce que je vous souhaite avec la plus grande des tendresses pour cette nouvelle année ?

Des chaussures, des chaussures et surtout, beaucoup de chaussures.

Des talons hauts et des talons bas, il y en aura, pour sûr. Mais en privilégiant les escarpins, les vrais, ceux qui vous veulent du bien, vous aiment et sont bienveillants, vous obtiendrez un peu de cette harmonie si chère et si rare.

Pour ceux qui recherchent la bonne paire, qu’elles vous bottent et vous emmènent vers des lieux inattendus, rêvés ou même, enchantés.

Décollez vos semelles du sol. Mettez-vous en pointe. Et n’ayez pas peur de créer votre propre chaussure. Qu’elle soit richelieu ou bottine, tong ou chausson. N’écoutez pas, ne vous mesurez pas aux sandales des autres, voyez haut, très haut pour vous-même, visez les aiguilles. C’est votre démarche qui compte, et non les pas du voisin.

Aimez toutes vos paires, elles vous le rendront au centuple.

Enfilez des runnings, vos culs vous le rendront au centuple.

Décrochez votre téléphone et essayez toutes les chaussures que vous n’avez pas eu le temps de considérer cette année.

Que la pompe vous gagne, que la tatane vous apaise pour vous accomplir chaque jour un peu plus.

Point de compensé, que du vrai. Posez vos deux pieds sur le sol, sentez vos coussinets en contact avec la terre et marchez. C’est 2015.

Pleins d’amour mes lecteurs. Enfin, pleins de chaussures.



Les chaussures de Noël.

Que porter comme chaussures en ce fameux jour où les fesses resteront plantées devant une grosse volaille ou tapie au creux d’un canapé ?

Dans mon imagination, elles seraient à la fois confortables et sophistiquées. Douces pour mes doigt-de-pieds et douce pour ma famille (dépasser tout le monde en talon aiguille, c’est épuisant). Et aussi, dans une matière veloutée délicatement désuète parce que ça fait du bien de se masser au traditionnel le jour de Noël.

furlane-14-couleursIl y a quelques mois, je pars à Londres pour shooter la campagne de Jimmy Choo (en tant que styliste, pas photographe). Sur le plateau rempli de monde – photographe, coiffeurs par 2, maquilleurs par 2, mannequin et sa doublure lumière, tailleur anglais en renfort auprès de moi, assistants photographe par 3, mon assistante française, l’équipe de la marque par 5 – parmi toutes ces personnes, un autre renfort, une jeune styliste londonienne et ses chaussons vénitiens.

Des Furlanes (ou Friulanes) vénitiennes, en corde et velours, que portent traditionnellement les gondoliers et depuis quelques années, les princes en leur palais.

Et là, vous me regardez de travers, « elle est complètement déréalisée la mère Shooooes ».

« Si je mets ça, ILS ne vont rien comprendre. »

Tsstsss. Cette fille sur le shooting à Londres était d’une élégance… Elle portait juste un top un peu fluide ou une chemise en soie blanche (je ne me rappelle plus précisément), un pantalon noir un peu large et ces chaussonssures aux pieds. Et bien, pour Noël, ces tatanes au chic feutré rendraient la journée caressante (on peut en avoir besoin dans ces circonstances d’entassement familial). Et puis, comme elles sont importables les autres jours de l’année (autant pour leur fragilité que parce que le port du chausson en société est un immense tabou) (c’est même un cauchemar très partagé), elles révèleraient à quel point celui-ci est extra-ordinaire. Et surtout, avec leur ligne minimale, elles diraient toute la simplicité qu’on a au fond du coeur.

(bah quoi c’est vrai !?)

Joyeux Noël !

——

S’il vous prend de vouloir les porter au Nouvel An (j’avoue que pour Noël c’est un peu tard), celles en photo sont signées Caroline de Marchi. Mais bien sûr, si vous allez à Venise, vous trouverez encore des artisans spécialisés, comme Piedaterre, pour les confectionner sous vos yeux.



La cuissardite aigüe.

brigitte-bardotC’est pire que la bronchite. Ça revient tous les hivers, ça vous prend au corps aussi soudainement qu’un mal de gorge et vous épuise dans une douleur lancinante.

On en guérit difficilement, en traînant des bribes de symptômes pendant des semaines.

Aucun vrai remède n’est valable.

La cuissardite aigüe, c’est le besoin irrépressible ressenti par une personne saine de porter des cuissardes. De manger le fantasme à pleins pieds, de s’enfiler la peau des héroïnes des seventies (Brigitte et les autres).

Le problème ? Les cuissardes ne sont pas des chaussures, ni un accessoire, encore moins un vêtement, les cuissardes, c’est une attitude.

Votre problème et le mien (à part notre longueur de jambes) ? C’est que tous les curseurs sont dans le rouge. On ne les voit pas encore, mais elles arrivent sur le marché et dans notre désir. Je le vois comme je vois l’eau dans le verre bouger quand arrive le dinosaure (Je suis je suis ?) (ouais gagné, Jurassic Park).

kate-mossOui, je sais, prendre Kate Moss en exemple, c’est facile… Mais je voulais vous donner une idée de look : les cuissardes adorent la maille.

Cela fait 72h que j’opère chirurgicalement le cas. J’ai consulté les résultats d’analyses de mes consœurs pour résoudre le plus grand problème depuis l’apparition des rides : qu’est-ce que j’achète comme cuissardes quand j’ai la cuissardite ?

La journaliste Lauren Bastide du Elle s’est achetée les Zara. Elle est mignonne dedans mais… Dans le doute, j’ai reculé d’un jour entier la diffusion de ce post pour aller les essayer en boutique (en mode reporter de guerre deux jours avant Noël). Résultat :  j’avais l’impression d’avoir avalé une peau de vachette. Tout ce cuir, bon sang… C’est pas catholique. Donc, je suis bien d’accord avec la formidable Isabelle Thomas (qui a fait un compte-rendu avec tous les tuyaux itou) : si vous êtes normalement constituée (donc pas maigre ni 1m80), privilégiez les cuissardes en cuir velours stretch qui épousent-votre-cuisse-tel-un-gant. emmanuel-alt-isabel-marantCette photo d’Emmanuelle Alt, signée Garance Doré, est reconnue pour son extrême contagion. Ce manteau léopard, ce sarouel en satin, ces bottes Isabel Marant, un regard suffit pour attraper la maladie.

Ma reco à moi ? Mon graal ? Ce modèle Junee d’Isabel Marant de la collection automne-hiver 2009  (toujours un train d’avance le Dr Shooooes…) qu’il convient désormais de guetter sur le site de revente Vestiaire Collective. Il n’y en a jamais donc il faut être au taquet (je ne comprends pas pourquoi je vous dis ça, je vais me faire griller mon 38). Pour résumer, il existe des cuissardes à 49,90€ chez H&M, Minelli en a une paire mais elles sont à talons aiguille donc ouch. L’ allure « chien fou ivre de liberté » que l’on doit afficher avec les cuissardes risque d’être compromise faute d’équilibre.  TopShop, évidemment, en a aussi une super paire, mais elle n’a pas été testée ici. Et pour les bourses biens pleines, les Stuart Weitzman (765€) sont une option vivement recommandée.

Pour conclure, malgré les quelques traitements disponible sur le marché, le pronostic vital est engagé concernant les cuissardes. J’attends toujours le miracle de la shoesine pour passer à l’attaque. Mais ne serait-ce pas ma plus belle résolution pour 2015 – puisque je ne compte pas arrêter de ne pas faire de sport ni de fumer des clopes quand je suis énervée ? (ni même arrêter de m’énerver).

TROUVER DES CUISSARDES, j’adore me sentir dotée d’une mission aussi importante. Et après, je réfléchirai à comment les porter. Chic.

Et pendant ce temps-là, c’est Noël demain. Qu’est-ce que vous faites encore à traîner ici dites donc, les cadeaux sont emballés ?

Je vous embrasse !



Les bottines préférées des parisiennes

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Voici les rutilantes pépés qui me servent de faire-valoir en temps de gris pourri parisien.

Racées et sobres à la fois.

Des Michel Vivien. Le dada des filles de la grande ville. La quintessence du style français, celui qu’on pointe du doigt de l’extérieur (du pays) et qu’on cherche à comprendre, nous, qui sommes à l’intérieur. Quel est cette chose dont on nous rabâche les oreilles, la Française, la Parisienne… On a fini par comprendre qu’elle (c’est à dire nous en fait) ne se coiffait pas vraiment, prônait le (faux) naturel, qu’elle mettait des jeans et des t-shirt et des vestes de costume, qu’elle fumait, qu’elle était un peu oléolé au niveau du civisme… Se reconnaîtra qui veut.

Mais et ses pompes ?

La Parisienne se chausse comme elle fait le reste. Pas trop d’efforts, donc pas des masses de talon, des lignes simples mais acérées, du noir ou du sombre (sinon, c’est direct à la case léopard).

La Parisienne (et la Française) est restée au stade de la frivolité qui ne s’assume pas et se cache derrière un positionnement intello. Pas trop de fioritures, on risquerait de penser qu’elle a passé les trois premières heures de sa journée à imaginer sa tenue. Et ça, en France, ça fait très mauvais genre. On n’a pas le temps. On a des choses plus sérieuses à faire. Ce n’est pas là que se niche le coeur précieux de l’existence.

Je ne me moque pas, je suis comme ça moi-même.

Et toutes ces contradictions s’incarnent dans les pompes de Michel :

1/ Elles sont inspirées des 70’s (avec le jeu de sangle sur la cheville)  et les 70’s, c’est l’âge d’or du Paris de Claude Sautet et de Luis Bunuel. Les éléments fondateurs du mythe moderne de la Parisienne.

2/ Ensuite, elles ont un bout pointu 80’s. Et ça, c’est Palace !

3/ Elles ont un talon gentil (pas haut) dont les courbes fines et design sont XXIe siècle. Mais surtout, très praticable. Pour la Parisienne qui travaille et élève des mômes.

4/ Comme je suis superficielle et que j’aime le plaisir que me procure la légèreté, je les ai choisies en verni. Pas parisien ? Trop voyant ? Mais si, et là, c’est subtil mais révélateur de la complexité de l’animal. En apparence, elle est sulfureuse la Parisienne, un brin pas sage avec son verni noir, mais à l’intérieur, elle est coooool avec son cuir camel casual. Voyez ?

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Pour conclure, à la question, si je fais péter le budget, j’achète quoi comme valeur sûre ? Ce qui est écrit sur la semelle, donc.



L’ultra luxe selon Louis Vuitton.

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Vendredi dernier, mon collectif Les Particules Complémentaires était invité à déjeuner par Louis Vuitton. À l’intérieur de la nouvelle boutique de l’avenue Montaigne (dedans oui oui).

Pour résumer, nous étions invités à vivre l’expérience d’être riche. À déjeuner dans les salons privés avec chef assorti. À réaliser que la plupart des produits sont désormais personnalisables. À découvrir que la boutique possède un concierge au même titre que les plus grands palaces. Et à conclure que l’ultra luxe ne repose plus uniquement sur la qualité du produit mais aussi sur l’exception du service.

Alors que je me baladais dans cette immensité, je me disais, « la concurrence est si rude que les marques sont obligées de mettre en place de tels services pour se démarquer… Cela implique-t-il que le produit ne suffit plus ? Les ultra riches achètent-ils moins pour le produit que pour le service haut-de-gamme qui l’accompagne ? Dans leur tête, les marques sont-elle intervertibles ? Quid de la créativité ? ». J’ai été frappée par la réponse que Vuitton m’a renvoyée.

J’ai, tout simplement, été violemment attaquée par ces petites créatures en satin rose cerclé de Gold, avec un tour de cheville rayé noir et blanc, un ti bout pointu turlututu-trop-mignon et un talon en courbe esprit « salut, je modernise la pompe pour la rendre géniale ».

Attaquée, pétrifiée, transie. Je n’avais jamais vu ça nulle part.

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Surtout qu’elles avaient des consoeurs : jeux de rayures, graphisme noir et blanc avec imprimé de fleurs psychédéliques ou…

 

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…Graphisme noir et blanc avec évocation subliminale du nom Louis Vuitton.

 

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Et cousines duvetées au pelage acidulé.

Hélas, des beautés si chères (905€) qu’elles m’étaient interdites… La cantine, les vacances, la raison. Ma part de folie a bien essayé de me faire basculer. De me narguer en me racontant la vieille histoire de la femme que je ne suis pas et que je devrais être : libre, qui saisit l’instant, qui n’a pas peur, qui fait ce qu’elle veut, répond à ses coups de tête, s’en fiche du futur, vit pour maintenant, assume ses actes, ne vit qu’une fois, dépense son existence… Puis tout à coup, on m’appelle, je me dis, mais noooon, ce n’est pas là qu’est la substantifique moelle de ta vie. Je repose.

Et c’est aussi à cela que sert ce blog, à me consoler, à dévier le désir, à inventer un monde d’après une obsession, à rester à ma place de journaliste, observer plutôt que posséder.



Dans la peau d’une shoes addict : Karine d’Aste

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Karine, photographiée par sa fille de 8 ans, ce matin , dans son shoesing !

Qui êtes-vous et quel est votre métier ? Arrière-petite-fille de bottier, petite fille d’une grand-mère qui a toujours travaillé chez Bally, je viens d’une famille où il est important de porter de bons et beaux souliers. Éblouie par les Galeries Lafayette depuis mon enfance, je suis donc naturellement devenue l’acheteuse de la chaussure femme aux Galeries Lafayette.

Combien avez-vous de paires ? Trop, mais jamais assez. Je ne sais pas dire non… Un peu moins de 100 paires.

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Quelle est votre paire préférée en ce moment ? C’est dur de faire un choix mais je crois que ce sont mes bottines Michel Vivien. Elles ont tout ce que j’aime : un beau talon bien droit, du bleu marine et un joli jeu de boucles et de lanières. Elles ont deux ans mais je ne m’en lasse pas.

Quelle est votre paire mythique (que vous ne possédez pas forcément) ? C’est en fait une paire qui appartenait à ma maman. Lorsque j’étais petite, nous habitions dans un hameau de  Normandie, au milieu des champs et des fermiers. Lors d’une journée à Rouen, elle avait eu un coup de foudre pour cette paire de sandales Christian Dior. Elle n’en avait aucun besoin et c’était surtout bien au-delà de ses moyens. Elle a dû les porter deux fois ! Ces sandales ont quarante ans, c’est fou comme elles n’ont pas vieilli et elles plaisent toujours autant à ma mère ! Je trouve que cet achat reflète le comportement irrationnel des femmes quand on parle de chaussures.

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Quelle est votre paire FOREVER (que vous avez dans votre placard) ? Des sandales K-Jacques en cuir naturel. Il y en a toujours dans mon placard. Mais aussi des sandales en python or rose de chez Michel Vivien, moins basique mais ce modèle me fait rêver.

Quels sont vos créateurs préférés du moment ? Gianvito Rossi, Michel Vivien et Sartore pour leur qualité et leur simplicité chicissime : pas de fioritures inutiles, de belles matières et des détails visibles uniquement par les amateurs du « non clinquant ». J’aime aussi l’esprit rock des créations de Laurence Dacade. Dans un genre très différent, j’ai été très sensible au travail de Thomas Lieuvin sur les couleurs et les jeux de brides.

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Votre plus grosse erreur de shopping ? Ma plus grosse erreur est une paire que je n’ai pas achetée ! Et que je regrette beaucoup aujourd’hui : ce sont les sandales Cerises de Michel Perry. Je les trouve chics et ludiques. Je me mets à leur recherche !                            

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Quel est votre prochain achat ? Je triche un peu car cela fait un mois maintenant… J’ai acheté les Gazelles d’Adidas. J’en avais marre de ne voir que des tennis blancs alors j’en ai pris des noirs ! Sinon j’ai très très envie d’un modèle Gianvitto Rossi. Cela fait plusieurs fois que je vais l’essayer, je pense que je vais bientôt passer à l’acte. Mais cuir ou peau ? Camel ou noir ? Help ! Sinon, on a le droit d’avoir déjà envie de sandales de l’été 2015 ? (héhé).

Comment rangez-vous vos chaussures ? Il a fallu trouver la bonne organisation. J’ai des étagères sur lesquelles j’expose les produits de la saison en cours, ce qui me permet de voir tous les modèles. Les autres attendent sagement leur tour dans leurs boîtes d’origine tout en haut de mon dressing. J’ai beaucoup de plaisir à faire ce changement été / hiver : j’oublie parfois certains produits et c’est une joie de les retrouver.

Êtes-vous plutôt à plat ou sur aiguilles ? Entre les deux ! Ma hauteur maximale pour les talons est neuf centimètres, sinon je ne me sens plus moi-même. J’aime l’allure que donne le talon à la silhouette, surtout en hiver. Je suis une fan de bottines à talon.

Comment expliquez-vous l’engouement actuel pour les chaussures ? C’est la pièce qui fait le look de la silhouette. Elle permet de changer de personnalité sans toucher le reste de son dressing. Les modèles créatifs sont aussi plus faciles à assumer qu’une robe ou un pantalon très marqués.

Votre meilleure adresse pour shopper des shoes en France et à l’étranger ? Forcément, l’espace chaussures des Galeries Lafayette d’Haussmann reste mon aire de jeu préférée : 3000 m², 12 000 paires, on peut se faire plaisir ! Sinon j’aime aussi l’atmosphère cosy et la sélection de certaines boutiques multimarques comme 58M. Pas de boutiques particulières à l’étranger…  Ce que j’aime, c’est qu’on peut trouver des marques encore inconnues en France. Et acheter une jolie paire de spartiates dans les îles Grecques est un vrai plaisir !



Penelope Chilvers : des boots déjà cultes

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Que faut-il porter cet hiver pour lier son allure avec le grand froid ?

Pour l’instant, vous caracolez en bottines légères mais Bertrand, notre copain-agriculteur-bio un brin mystique a dit l’autre jour : « Autant d’heures de soleil à la Toussaint, autant de semaines de grand froid en hiver. Et la Toussaint fut une journée exceptionnelle avec presque neuf heures d’ensoleillement ». Wahoubrouuu, préparons nos petons.

Il y a 20 millions d’années, on portait des Ugg. Inenvisageable aujourd’hui. Surtout qu’avec la raison retrouvée, on a tous compris que de la peau lainée dans l’eau, bah ça mouille donc c’est mouillé. Plus près de notre ère, on portait les Sorel. Pratique, certes, mais il fallait vraiment qu’il y ait 10 cm de neige sur les trottoirs pour enfiler ces gros patô de descente de ski.  Il y a eu aussi la tentation de la Tim(berland). Mais pas drôle.

Alors quoi ? Des Pénélope Chilvers. C’est en me baladant sur le site de JCrew pour trouver la collaboration JCrew x Sperry-top-sider (épuiséééée) qu’on s’est rencontrée avec les Incredible Boots. J’avais l’impression de les avoir toujours connues. Qu’entre nous, c’était une évidence (sauf leur prix, gloups, Père noël au secours) (450 euros). Qu’on avait pleins de points communs, une allure Seventies pour elles, une naissance dans cette décennie pour moi (enfin le late late hein)… Et bien plus encore : qu’elles étaient pleines de fantaisies, les pieds sur terre, l’esprit pratique, généreuses, chaleureuses, naturelles, douces et poilues à l’extérieure (euuh), chaude à l’intérieur (heuu), bref, pleins de points communs.

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Pénélope est drôle. Sa particularité ? Elle ne fait quasi pas de talons, et revendique le plat comme un manifeste (je précise qu’elle est petite) (c’est pas une grande qui nous toise avec mépris). Son credo ? L’artisanal, le fait-main, les matières naturelles. Elle a d’abord lancé des bottes de cheval pour combler un besoin inassouvi. Elle est allée les faire fabriquer en Espagne (haut-lieu du soulier en Europe), n’a pas lâché la jambe d’un artisan pour avoir pile poil ce qu’elle voulait. Et quand elle est rentrée en Angleterre (son chez elle), je vous le donne en mille, toutes les copines en voulaient une paire. Depuis, Elle McPherson ou Cate Blanchett adorent ses Safari Boots, des bottines en croûte de cuir avec élastique fluo, Alexa Chung porte ses slippers avec un ananas brodé dessus ou ses bottines esprit rock en velours bordeaux (que j’ai failli acheter à Londres l’année dernière) (suis trop en connexion avec Alexa, bon sang). Bref, comme le raconte Penelope « c’est devenu un vrai business ».

Je vous vois circonspectes avec mes bottes en-poil-de-yak-pour-yourte-mongole. Avec quoi on les met ? Voilà ma méthode pour toujours adopter les bons réflexes face à des chaussures « dangereuses » (pour la silhouette). D’abord, indépendamment de toute réalité, je me concentre sur un modèle de chic absolu. Je pense Jackie Kennedy. Je pense à ce qu’elle ferait elle et après j’applique à moi-même.  Facile, non ?

Ce qui donne : un pantalon fuseau ou un slim blanc/ivoire (ça se salit vite, achetez-en un pas cher surtout), ou dans des tons de gris + un pull col roulé tout moelleux (dans des couleurs vives ou des imprimés qui rappellent les couleurs du cordon d’escalade sur le dessus de la chaussure ) (voir chez Uniqlo !) + surtout pas une doudoune mais un pardessus d’homme (c’est peut-être ce que vous avez déjà), noir ou gris foncé, pour l’effet chic citadin décalé.

Ou bien, optez pour un pantalon souple coloré (dans une matière fluide donc élégante) et mixez le tout avec un pull-gris-col-roulé-moelleux et votre manteau en lainage à la coupe masculine.

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Grosso modo, ça pourrait donner ça (remplacez le paysage magnifique par un quai de métro ou votre porte de garage).

C’est quand ki neige donc on a dit ?



La chaussure française est encore vivante

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Derbies Maurice Manufacture sur L’Exception.com, réalisés par Lisa Gachet de Make My Lemonade et Maï Hua de SuperTimaï.

Les professionnels le savent. Aujourd’hui en France, on ne peut quasiment plus fabriquer de chaussures. Même si on en a l’envie : le savoir-faire s’envole. Pas au loin, non, malheureusement. Il disparaît.

Grand un, cela coûte. C’est plus cher de fabriquer une chaussure en plastique en France qu’une en cuir chez nos voisins. Ne parlons même pas des autres continents.

Grand deux, le maillage indispensable des différents corps de métiers a également disparu. Ouvrez une usine d’accord. Mais la matière première ? Les peaussiers sont inexistants, sauf pour le cuir d’agneau qui est une spécialité française. Mais voilà bien un métier où un large choix de matières est indispensable. Et les talonniers ? Idem. Le désert.

Voilà qui rend encore plus remarquable les démarches des justiciers de la pompe tricolores. En France, on ne sait pas concevoir d’escarpins sexy, les italiens sont les rois. (sauf peut-être Delage basé en Île-et-Vilaine). Nous, on est des « bottiers ». On sait faire des bottines, des bottes, des chaussures d’homme comme les derbies et  les richelieus. On a la main plus brute, plus artisanale. Comme chez Robert Clergerie – qui fabrique à Romans tout en appartenant maintenant à un groupe chinois -, Free Lance en Vendée et Weston à Limoges. Ces derniers temps, des marques de luxe ont choisi d’installer leur usine vers Cholet, comme Louis Vuitton à Chemillé (en Maine-et-Loire) et Berluti en Vendée.

Ce post pour vous parler surtout de Maurice Manufacture créé en 2012 par Philippe Granger. « Maurice », parce que ça fait français, « Manufacture » parce que cette collection est fabriquée au cœur d’un atelier artisanal fondé en 1949. Racheté par Granger en 1998, l’usine a su se diversifier et fabrique pour de nombreuses marques : des chaussures confortables pour les séniors (marque Kim), des chaussures pour les grandes enseignes commerciales et quali (Axell), des souliers de luxe pour… J’ai promis de ne pas le dire. J’espère qu’un jour, on sera fier de le crier sur les toits. Et enfin, des chaussures pour la police, l’armée et les compagnies aériennes ! De quoi avoir les reins assez solides pour lancer une collection « dans l’air du temps » dont les coûts de fabrication sont plus élevés. Le créateur est son propre fabricant, exit donc la marge de l’usine. Le modèle traditionnel voulant que la marque rachète à des prix d’or les modèles à une usine et ensuite, fasse sa propre marge. Chez Maurice Manufacture, cette étape en moins permet de réduire les prix de vente et de proposer un produit sophistiqué sans assommer le banquier derrière notre carte-bleue.

Et puis chez Maurice Manufacture, on ranime les vieux pépés et les vieilles mamies tapies dans les placard : le mocassin des années 1970 devient faussement tradi. Avec des mélanges inattendus de matières et couleurs. Idem pour les derbies et bottines.

Du coup,  pour crâner un peu sur l’étendu de leur savoir-faire, le e-shop L’Exception (dédié aux créateurs français) a proposé à Maurice Manufacture de faire appel aux filles des Internets (les Internets ahah) pour inventer des modèles complètement foufous. Fin octobre, j’ai réussi pour la première fois depuis la naissance de mon deuxième enfant, à larguer mes gosses pour partir quelques jours à l’étranger avec leur père. J’ai donc dû décliner l’offre de L’Exception et de Maurice. Mais deux de mes Particules Complémentaires y étaient, ainsi que des consœurs que j’apprécie beaucoup (comme Isabelle Thomas de Mode personnel(le)).

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Lisa Gachet de Make My Lemonade a mélangé quatre textures-couleurs de cuir et ajouté une petite languette de golf à clous. C’est fou comme un tel festival devient un bon basique. Ces derbies sont faciles parce qu’elles vont avec toutes les couleurs du quotidien.

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Et Maï de SuperByTimaï qui s’est dit, une fois son oeuvre achevée, « Putain, t’as tellement abusé, les pauvres, ils ne vont pas en vendre un ! C’est trop barré. (Elle se parlait dans sa tête, ça compte pas donc les gros mots) ». Maï est réalisatrice et « colordesigner » pour l’industrie cosmétique et le luxe, elle est une spécialiste de la couleur, ceci expliquant cela. Mais c’est beau non ?

Pour les curieux parisiens, Maurice Manufacture ouvre un Pop-up store (un point de vente éphémère) au Printemps Haussmann. Et je viens d’avoir à l’instant Philippe Granger et Ingrid Archetti (l’adorable italienne responsable du développement de la marque), on pourra dans un futur pas trop futuriste passer nous aussi nos commandes farfelues via la personnalisation. Miam.

EDIT DU 8 DÉCEMBRE : J’ajoute (c’est dans les commentaires) qu’il y aurait une centaine d’ateliers et d’usines en France fabriquant des souliers. Parmi eux, Louis Félix que je n’ai pas cité et dont je voudrais souligner le travail. Derrière ce nom, Billy Lagré qui créé de magnifiques bottines de luxe. 

Merci à ma délicieuse Lisa de Make My Lemonade pour le Gif d’ouverture et les photos. 



Les chaussures des anges (du défilé Victoria’s secret).

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Photo issue du compte Instagram de Victoria’s Secret.

Vous savez quel est le compte de marque sur Instagram le plus suivi au monde ? Je vous le donne en mille, oui : Victoria’s secret, avec près de sept millions d’abonnés. (on se demande pourquoi hinhin) (comme quoi la popularité se fait toujours sur le corps des femmes).

Pour faire le topo, chaque année, cette marque américaine de lingerie un peu cheap, il faut l’avouer, organise un défilé à grand spectacle. Un boosteur sensationnel pour son image. Une sorte de néo-élection de Miss France, aussi kitsch mais moulte fois plus planétaire.

Dans ce défilé, ce n’est pas à proprement le produit qui emballe le tout, mais tout ce qu’il y a dedans et autour.

Pour la première fois depuis le lancement de ces shows dont seuls les américains ont le secret, la marque a décidé de s’exiler chez les Rosbeef (aucune allusion à rien). Hier soir à Londres a donc eu lieu un de ces évènements à plusieurs millions de dollars, réunissant la crème des mannequins actuels. En sus, des chanteurs à  plus de 14 millions de followers sur Instagram, comme Taylor Swift, étaient conviés pour animer le défilé.

Ou veuilleuje en venir ?

Pour l’occasion, les deux chausseurs anglais les plus fous et les plus doués, Nicholas Kirkwood et sa protégée maintenant émancipée Sophia Webster, étaient en charge des pieds des anges. Et mamamia, les amoureuses de la pompes sont servies. Allez show(chure) devant mouhaha.

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Photo de Style.com.

Outre les cuissardes ornées de papillons-perforés-délicatement-posés-sur-les-mollets-ultra-pilatés-des-belles (Sophia Webster) vues en ouverture, il y avait aussi un modèle spécialement créé pour l’occasion par Nicholas Kirkwood. Des spartiates en cuir doré à volutes géométriquement-entremêlées-pour-effet-saisissant. Le mieux du mieux, c’est qu’elles sont en vente en exclusivité à la boutique de Londres jusqu’en février. Non non ne me remerciez pas, oui oui, je viens de sauver votre couple.

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Photo de Tommy Ton pour Style.com.

(ouhouh redescendez, on parle des pompes là)(non, arrêtez, ces filles ont 25 ans et ça fait 4 mois qu’elle se prépare pour qu’on puisse leur photographier les fesses justement) Donc outre les culs, il y avait aussi des baskets d’une utilité pas du tout sport. Juché sur un plateau biseauté, un laçage stylisé se dotait d’aiguilles super vertige et de léopard funky. Les éléments du sport, les bandes blanches et la cheville renforcée, luttant ainsi avec leur antithèse. Voilà, ces chaussures sont la quintessence de la notion d’hybride avec laquelle on vous saoûle depuis quelques mois.

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Photo Style.com.

Ici, l’idée du sportswear, et de la bottine de boxe, est déclinée avec le revers sur le haut de la cuissarde et le laçage ultra stylisé. Les reste repose sur le Girly avec tous les curseurs poussés au max : léopard, rose barbie, talon aiguille. (cette paire est signée Sophia Webster).

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Photo Style.com.

On les avait vu dans ce post : les cuissardes-bottes-de-neige-sandales-lacées-avec-application-de-fourrure de Sophia Webster, ahurissantes d’audace.

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Photo Tommy Ton pour Style.com.

Regardez les plumes au fond. Tellement joli. Impossible à fabriquer en série bien sûr. De tels objets ne supporteraient pas d’attendre la cliente tapis dans une boîte. Ces oiseaux rares ne sont réalisés que sur commande et arrivent dans une cage spéciale.

Souvent je découvre ces modèles réjouissants dans les show room de vente lors des Fashion Week. Systématiquement, ces chaussures hors-contexte d’une vie d’humain sont annulées faute d’acheteurs. Ce défilé de Victoria’s Secret est l’occasion de voir ces pompes bouger et vivre. Et ça me console du malaise teinté de misogynie que me procure un tel spectacle.



Les pieds de la danse.

Je partage avec vous une vidéo des danseuses de l’Australian Ballet filmées par le Music Center de Los Angeles. Le contenu est captivant et terrifiant à la fois : comment chaque danseuse lutte-t-elle contre la douleur pour nous offrir la danse ? Regardez les pieds abîmés par l’entraînement à outrance, les techniques les plus tarabiscornues (oui oui) pour assouplir la souffrance et le chausson.

Quand j’étais enfant, je rêvais d’être championne de GRS (= gymnastique rythmique et sportive, dont la base est la danse classique) et l’on m’avait appris à ne plus jamais m’assoir sur les fesses. Je devais plutôt écraser mes pointes, pour obtenir le graal : le cou-de-pied de danseuse. Malheureusement, être dotée de cette pointe est inné et rien ne la fait apparaître, pas même le travail acharné.

Depuis, il est l’une des manifestations du corps humain qui me fascine le plus, cette jambe qui s’allonge à l’infini.


 
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