« Ladies, Ladies, Ladies », ou quand le Docteur est réalisateur.

Mon problème dans la vie, c’est que je ne sais pas choisir. Je ne sais pas poser mes valises. Si je pouvais, j’aurais 10 enfants et 92 métiers. Dit comme ça, ça semble glam’, mais au quotidien, c’est comme d’avoir les jambes toujours bien rasées, c’est tuant.

Quand on me demande ce que je fais comme métier, j’évalue le temps, la personne en face et je choisis parmi deux types de réponses. La courte et facile : journaliste. La longue et véridique : journaliste, auteure, réalisatrice, directrice artistique, styliste et fille qui a un blog. Je ne le fais pas exprès, c’est comme ça que je suis heureuse. J’ai même une série web en projet, je ne peux pas vous en parler mais sachez que l’héroïne rend déjà la majorité d’entre vous complètement gaga… (gniark gniark).

Vous aviez déjà vu quelques uns de mes films, celui-là, ce Ladies Ladies Ladies, je l’aime comme on aime son petit dernier. J’ai envie de le serrer dans mes bras tellement il est mignon, joli, rigolo, comme il a l’air tellement intelligent et éveillé, avec une petite tête bien à moi. On dirait qu’il me ressemble, un brin classique, un poil impertinent, un grain absurde. Il est sur les chaussures hein bien sûr (même si je suis tout à fait capable de parler et d’écrire sur autre chose)(heureusement pour mon chéri).

Avec ma collègueu-de-travailleu Olivia Da Costa, nous avons écrit et réalisé ce film. Nos univers sont comme un semi-remorque et son chargement, comme une boule de glace et son cornet, comme un four et son gâteau, comme un tube de dentifrice et son bouchon, comme, euh, comme… yep, vous avez pigé, ils s’emboîtent à merveille.

On s’est rencontré il y a 10 ans (oufbadisdonc) quand elle a lancé son magazine Please !, et on a accroché tout de suite. J’ai toujours eu envie d’avoir un duo créatif dans ma vie, sans jamais en forcer l’édification. Une complicité artistique ne se travaille pas, elle se constate. Elle est évidemment là. Notre duo ne s’est pas fait en un jour, mais aujourd’hui, il est très actif (pleins d’enfants trop trop mignons à accoucher dans les mois à venir)  et porte le doux nom de baptême de Please More Shooooes.

Avec ce film, on a voulu raconter ce qu’on était et ce qu’on n’était pas, on a voulu raconter ce que les femmes font en secret et ce qu’elles font au grand jour, ce qu’elles aimeraient faire et ce qui leur arrivent. Une réalité amplifiée, drôle et décalée. Légère et colorée, pleines de chaussures. Longchamp, que je remercie chaleureusement, est une maison singulière, énorme par son business et discrète par son style, française et humble à la fois. Et comme Géraldine, elle fait l’objet d’une place particulière dans mon appréhension de la mode. Le premier beau sac que j’ai eu était signé Longchamp. J’avais 16 ans. J’ai fait le ménage dans le cabinet dentaire de ma mère trois heures par jour pendant une semaine pour me le payer. Oui oui, j’ai pas toujours eu la vie facile.

Bref, place au film ! Rien ne me ferait plus plaisir qu’il vous plaise.



Êtes-vous plutôt basique ou essentiel ?

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Le jargon de la mode ne me lassera jamais.

Ce matin, attablés autour de la table du petit déjeuner quelque part dans la campagne toscane, nous essayons de choisir le programme de la journée. Le hic ? Il pleut sur Florence. On décide de rester tranquille dans notre grande maison (qui est en fait une église)(où se serait marié Dante selon notre logeur) et je lâche que je vais m’écrire un petit postounet. Sur quoi ? me demande-t-on. Je botte en touche parce que tant que le billet n’est pas écrit, il est comme une parole non dite, il n’existe pas. Ma matière grise ne l’a pas vraiment formulé et son essence biblique n’a pas versé en moi son jus sacré. On insiste. Je dis que je vais parler d’une paire de chaussures Zara lacées que j’ai achetée sur un coup de tête entre deux avions le 12 août (oui oui le 12 août)( je sais c’est n’importe quoi)(je suis une toxico). Que quand je l’ai vu, j’ai su qu’un désir profond trouvait là une source de satiété immense. Pour me justifier, je dis d’un air goguenard (mes attablés sont des gens extérieurs au monde de la mode) (enfin, ils sont normaux quoi), que c’est un essentiel de l’hiver 2015. Et je m’avance même un peu plus en révélant que je compte disserter sur le concept d’essentiel opposé à celui de basique. Une joute verbale s’amorçe chez les petits-déjeuneurs. En philo, on se demanderait ce qu’est un basique. Je réponds, sage et sentencieuse, « Un vêtement que l’on DOIT avoir dans son placard car porteur du gène de l’intemporel. (le t shirt blanc, le trench-coat, le derby masculin). » Et un essentiel ? Je réponds sage et sentencieuse « Un vêtement que l’on DOIT avoir dans son placard car porteur de la marque de l’inédit sans l’embarrassante notion d’extravagance (la pièce léopard, le pantalon large 7/8, le soulier à multibrides pour 2015) ».

L’un deux, futé, me lance, « Oui, le basique c’est fait pour sortir dans la rue et l’essentiel, ne pas y avoir l’air con ».

À quelques mètres de là se niche un questionnement plus nébuleux : à quel moment un essentiel devient-il un basique ? Il y a toujours un point de bascule où l’objet à la forme singulière, que seul les gens de la mode ou les audacieux portent, devient un indispensable 100% garanti contre le fashion-faux-pas.  Atteignant par là un statut unique : descendu de l’extraordinaire, il n’en porte pas pour autant la marque de l’ordinaire (« tout le monde est habillé pareil, nous sommes des clones »), mais celle de l’afashion (« un trench-coat, c’est toujours élégant »). Il n’est plus question de mode ou de tendances, on se situe au-delà.

Moi, je suis bien trop girouette et gourmande pour me contenter de basiques, même si j’admire leur grandeur d’âme.

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Dans ma tête, ces escarpins lacés sont des essentiels très excitants (même si l’ensemble n’est pas nouveau, je n’ai jamais eu ça aux pieds, je suis contente de tester une nouvelle allure) : ils sont faciles à vivre (talon confortable), faciles à assembler (que ce soit avec un jean court, un pantalon 7/8 ou un collant noir), faciles à situer (le pedigree est manifeste, à mi-chemin entre Chloé et Alaïa avec une pointe de Gucci 2015) et faciles à acheter (39€).

Bref, la recette du bonheur conjugal avec son armoire pour une vie épanouie ? Un peu de basiques, beaucoup d’essentiels et une pointe de mauvais goût (ou d’extraordinaire, tout dépend du point de vue où on se place).


 
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