J’espère que vous n’êtes pas dans un open space parce que ce post va vous faire crier.
Je suis partie 24h à la Fashion Week de Milan pour aller zieuter les collections de chaussures du printemps-été 2016. Je n’ai pas été déçue, j’ai bien crié, j’ai bien mouillé ma culotte, oui oui.
D’abord, je suis allée chez Charlotte Olympia. « I married adventure » s’appelait la nouvelle collection, inspirée d’un livre du 19e sur une famille partie vivre en Afrique. Le thème du voyage est un peu systématique chaque saison (un pays/une collection), le traitement manque parfois de subtilité mais l’expérience reste agréable et amusante. Et certaines interprétations demeurent spectaculaires. Comme ce talon compensé imaginé d’après le mobilier colonial.
L’année dernière, pour la collection « Shangaï Express », cette sandale à plateau, signature de l’univers de Charlotte, accumulait des parasols chinois. Pour la Saint Valentin, c’était des coeurs. Cette saison, elle représente une carte de l’Afrique. Attention, ne pas le donner aux enfants pour réviser leur géo, le Nigéria et l’Algérie ne sont vraisemblablement pas à côté dans la réalité.
Le travail de Charlotte sur la forme des talons est toujours spectaculaire. Comme ce léopard allongé sous les pieds de sa belle.
Chez Sergio Rossi, d’immenses palmiers en or nous accueillaient sous une lumière tamisée. Angelo Ruggeri, l’actuel directeur artistique, s’est offert les soins de l’aristocrate italienne Bianca Brandolini d’Adda pour lui susurrer des mots doux de muse. Le résultat ? Des plateformes luxueuses comme ces sandales en cuir or et noir, avec des jeux de textures. L’esprit des Seventies dans toute sa splendeur.
Toujours chez Sergio Rossi, les broderies font exception. Inspirées des motifs mexicains, elles s’apposent sur des derbies avec semelle de corde esprit Dolce & Vita.
Le défilé de la maison Gucci, qui s’est dotée d’un nouveau directeur artistique Alessandro Michele, fut une révélation. Les accessoires, parfois excessifs, sont sans doute les plus spectaculaires de la saison. Comme cette mule conçue dans un drapé trompe-l’oeil entièrement brodé de paillettes. Le talon est en métal bronze martelé, planté de rivets et, comme si cela ne suffisait pas, un serpent ondule le long de ses courbes.
Remarquez la finesse de la tête.
Les bottines à mi-chemin entre la jeune femme du début du 20ème siècle et le grenier hippie de ma grand-mère. Avec une pointe de chaussures de boxe. Déroutant. Mais intéressant. Mais déroutant.
Cet hiver, les-filles-de-la-mode ont adoré les mules en cuir avec la fourrure à l’intérieur. Pour le printemps-été, ces étranges objets se déclinent dans des soieries esprit costume de mec pendant la Prohibition. J’avoue, c’est tentant (mais si) (avec un pantalon en soie imprimé façon pyjama de grand-père et une belle chemise blanche, vous voyez?)
Chez Prada, la collection s’appelle « Post Classic » : les femmes sont en tailleur mais un tailleur de l’après. L’après quoi, on ne nous dit pas, mais on imagine : l’après crise, l’après apocalypse, l’après surconsommation. Aux pieds, elles portent des sandales follement sophistiquées, comme si toute la joie de notre société passait par les chaussures. Miuccia et moi, on est tout à fait sur la même longueur d’ondes. Ya pas à tortiller.
L’autre modèle de Miuccia, ce sont ces bottes plates rayées de python et de peau de pêche. Avec un bout en plastique pour protéger ces précieux matériaux. Lunaire et solaire à la fois.
Ah! Et au fait! J’ai testé les cuissardes moule-moule, qu’est-ce que vous en pensez ? (ce sont des Stuart Weitzman)(désolée pour la photo orange, c’est seulement à 21h, quand il faisait nuit noire que j’ai trouvé un miroir…)
Chez Gianvito Rossi, on cultive le minimalisme Girly avec des ballerines bout rond que l’on lace comme des danseuses.
Ah ! Et au fait n°2 ! J’ai trouvé mes sandales de l’été prochain chez Gianvito : comme des K-Jacques (mais trois fois plus chères) qui se lacent l’air de rien. Je vous préviens (c’est l’attachée de presse qui me l’a dit), il faut les acheter en février si vous voulez être sûre de les trouver (j’irai jamais quoi). Des nu-pieds en hiver, des bottes en été. Normal.
La ligne bis de Giambatista Valli, Giamba, propose un line-up d’escarpins irrésistible. Des étoiles, des planètes, des rouge à lèvres, des bouches : une armée pop et sexy.
La vague Seventies sera très salée l’été prochain. Les sandales plateformes en seront le véritable leitmotiv, surtout avec des mélanges d’imprimés très forts et très colorés comme ici, toujours chez Giamba.
Chez Toga Pulla, la nouvelle marque dans le vent, c’est symptomatique de notre époque : on mélange l’anatomique germanique avec du bijou texan et des motifs graphiques. On mixe, on touille avec brio, faut être visible, se faire remarquer, être dans l’oeil du viseur, augmenter sa visibilité, être regardé pour exister, être vu pour être aimé. On est fou, oui. Et les chaussures nous le murmurent.
Ah ! Et au fait n°3 ! Cette bottine santiag ouverte est le modèle signature de Toga Pulla. J’en rêve, j’ai un faible pour les ‘tiags depuis le CM2. Le jour où Magali Leproux est arrivée à la cantine en mini jupe plissée à carreaux chaussée de bottes de cow-boy noires et blanches. Wahouuuu.
Les Italiens ont cet amour déraisonné des perles, des broderies, des diamants et de tout ce qui brille. Comme ces Santiags Fausto Puglisi avé les vrais coquillages siouplaît.
Ou ces escarpins de la marque Gedebe avec de discrets petits noeuds en strass pour réveiller une silhouette endormie.
Oui, oui, je savais que vous vouliez les voir de plus près.
Un coup de coeur, il est signé Gianico. Et je peux vous dire que toutes les-filles-de-la-mode adorent. Ça veut dire que si vous n’aimez pas, vous allez juste prendre un peu plus de temps, mais vous finirez par aimer (oui je sais je suis peste). Des rayures transat, des étoiles dans le cuir, des noeuds, un éclair de turquoise… C’est frais, c’est drôle, ça décoince, on rit, ahaha.
Puisque je vous dis qu’elles donnent la banane ces pompes Giannico.
Des fleurs avé des strass ok, MAIS c’est en bonnet de natation quand même. Regardez de près.
Et quand ce ne sont pas des strass, ce sont des plumes. Tout simplement beau.
Je vous diiiiiis qu’ils sont zinzins avec les strass. Ici, chez Kallisté.
Je vous diiiiiis que la mode de l’été prochain, c’est les seventies. ici, encore chez Kallisté.
Un dernier petit chouchou, vous allez en entendre parler : Oscar Tiye. Derrière ce nom de garçon se cache une jeune femme, Amina. Des chaussures dotées d’ailes du désir, on prend, non ?