3 ou 4 shoes que je voulais vous dire

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Photo Man Repeller

La première, et elle est capitale, c’est vous prévenir vous les gens normaux qui pensez et respirez sans le prisme des vêtements, qui avez une vision saine du monde (j’ai presque envie de chuchoter) (mes consoeurs et confrères pourraient tomber là-dessus), je voudrais vous prévenir que les filles de la fashion possèdent toutes les mocassins Gucci en-veau-nappa-super-souple-tu-peux-pas-savoir-comme-c’est-confortable. Ci-dessous, ce sont celles de Man Repeller en anguille (je crois deviner de l’anguille oui oui), mais ma copine Virginie Dhello les porte en rose et Olivia Da Costa en noir, et j’en vois pleins d’autres. Donc. Donc (je regarde derrière moi s’il n’y a personne), soyez prévenu que vous en aurez sûrement envie bientôt et que c’est ce modèle précisemment qu’il faut avoir. Je ne vous incite pas à les acheter (moi-même je ne les ai pas) (encore) mais que ma position de petit soldat du front de la mode serve d’éclaireur à l’humanité. Que mon sacrifice de ne cotoyer que des chaussures ne soit pas pour rien. Amen.

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Photo Virginie Dhello (encore oui!)(cette fille est inspirante)

La deuxième, et elle est capitalissime, c’est que j’ai peur. Pour moi, je veux dire. Je m’inquiète pour ma petite fille, celle qui vit au fond de moi et qui est le vrai noyau de ma personnalité. Il se passe quelque chose d’étrange, comme si elle avait viré de bord, comme si elle avait subi un lavage de cerveau ou regardé trop de photos de Romy Schneider sur Pinterest. Je ne la reconnais plus. Elle n’est plus elle-même. Comment dire ? je crains qu’elle ne s’embourgeoise, qu’elle ne vieillisse avant l’heure, qu’elle ne vote à droite, qu’elle ne s’achète un Yorkshire… En un mot, j’ai envie de ballerines Chanel bicolores. J’ai envie de leur coller un jean déchiré avec des écussons, je VOIS mon pantalon en cuir leur faire de la lèche, je SENS ma robe imprimée à fleurs psychédélique leur rouler des pelles. J’ai le sentiment poignant qu’on pourrait faire un bout de chemin ensemble dans une vaste harmonie que les fluides de la Terre enrichiraient de leur énergie. Bref, je me fais peur, y-a-t-il un docteur dans l’assistance ? (à part moi je veux dire)

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Les bottines Diego Wear Lemonade par Lisa Gachet pour Jonak

La troisième, et elle est capitalissimime, c’est que ma copine Lisa Gachet a fait une ligne Wear Lemonade pour Jonak, vous avez dû le voir un peu partout ou sur mon Instagram au pire. J’ai donc ces incontournables bottines roses dans mon escarcelle. Je les ai enfilées l’autre jour, pleine de la petite fille citée précédemment. J’ai levé la tête, je me suis regardée dans le miroir et je me suis souris un poil embarrassée : « Est-ce qu’au fond je ne suis pas complètement cinglée à porter des pompes de gamine attardée ? ». Puis je me suis souvenue de ma phrase préférée du dernier bouquin de Sophie Fontanel que je viens de terminer avec une immense régalade. La vocation. Lisez-le, il est d’une part, extrêmement touchant et édifiant sur une génération d’immigrés, et d’autre part, follement croustillant sur notre milieu de gens de la mode (voir plus haut). Bref elle raconte le raffinement d’une SDF qui assortit l’écossais de sa couverture de survie à ses gants et son bonnet, raffinement qui la questionne profondément : « Il y avait encore la possibilité qu’elle soit folle, ce qui aurait expliqué en partie le quadrillage des gants, la cohérence de sa mise. C’est comique de penser que moi, qui travaillais dans un magazine de mode, qui étais enfant d’une lignée d’adorateurs des beaux habits, j’envisageais en premier le dérangement mental comme explication au raffinement absolu. »

Donc, on ne le redira jamais assez, et je me le martèle, on n’est jamais aussi soi-même que quand on est fou.

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Mes Ugg sur mon canapé avé le coussin acheté à Istanbul

Et la quatrième, elle est capitalo-honteuse. Mais faut que je me soulage. Vous voyez le moment où vous êtes en assemblée, que l’ambiance est un peu cool, que vous avez proposé de mettre votre I Pod comme fond musical (il est rempli de trucs cools) (car vous êtes une personne cool), que la lecture est en aléatoire, et qu’il vous sort POUR QUE TU M’AIMES ENCORE de CELINE DION   ? Le titre que vous adorez, que vous écoutez tranquille le chat incognito dans un énorme kiff méga moelleux sans que personne ne le sache. Et qui ne doit jamais sortir au grand jour. Hein ? Hein ? Vous voyez, vous aussi vous avez vos titres de la honte hein ? Eh ben, je dois l’avouer, il m’arrive la même chose avec les shoes. Le matin, pour aller à l’école dans le froid avec mes enfants, je mets des UGG. Et pas n’importe lesquelles, les plus divines qui soient dans ma souille vestimentaire : des Ugg x Liberty. Je les aime, je les adore, elles me tiennent chauds, on ne m’a jamais caressée comme ça avant. (enfin… euh) (bon bref). Voilà, c’est dit. Pfiou, heureusement que je vous ai. Je vais pouvoir reprendre une activité normale.

Et je profite de ce post pour ajouter une info qui n’a rien à voir avec le boudin mais qui est vraiment capitale celle-là : le site officiel pour s’informer sur l’IVG,  sur lequel il faut cliquer pour que le faux site des anti-IVG (IVG.net) qui parasite les accès aux soins n’apparaisse pas en premier dans le référencement Google. Un ‘ti clique siouplaît.



La dictature de la To Do List

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Je tente un truc complètement fou en ce début d’année (encore un, oui je sais) (j’ai le goût de l’aventure) : je ne fais plus de to-do list.

Enfin, je précise, je n’écris PLUS de to-do list. Une liste de choses à faire de ma vie, j’en ai une, vous vous en doutez bien. Ce n’est pas une résolution, je n’en prends jamais. Pour la simple et bonne raison que je ne suis pas sensible à la symbolique des dates (ah bon c’est ton anniversaire?) (j’ai 36 ans? aucune idée de ce que ça veut dire). Ça tombe par hasard en ce mois de janvier. Sans doute parce que je reviens d’une pause et qu’en sortant quelques jours du tambour de la machine, on veut bien y retourner en écoutant mieux ses consignes de lavage personnelles. Je ne l’ai pas prémédité, c’est venu naturellement.

Quand je suis arrivée devant mon bureau le lundi 4, j’ai voulu écrire ma to-do list et je me suis rendue compte que celle-ci me prendrait toute l’énergie que j’avais en stock ce jour-là. Voire absorberait toutes mes envies. Une fois qu’on a couché toutes ces choses à faire sur le cahier conçu à cet effet, que nous reste-t-il à part une liste de tâches ? Où sont passés les beaux projets, ceux tout là-haut scotchés au firmament du désir, et qui sont encore à l’état de rêve, quand ils se trouvent placés au même niveau que l’envoi du courrier à la CAF, la course chez Monop’ ou le papier à rendre sur un sujet pas passionnant ? Même s’il y a des catégories sur ma to-do list – c’est un vrai meuble PAX à elle toute seule : « à faire », « à penser », « à suivre », les « shit happens » (quand un mail demandant une réponse précise et concentrée tombe en plein milieu de la journée de travail) et des couleurs partout – bref si tout est hiérarchisé dans mon cerveau, ils sont sur LE cahier, sur LA page. Donc sur le même plan.

Tous ces magnifiques projets et choses à faire (plaisantes ou non), quand je les aligne sous forme de to-do list, je leur enlève la liberté d’exister avec légèreté. Le plaisir disparaît. Toutes ces choses se transforment en tâches à accomplir. En obligation à barrer au plus vite pour ensuite… pour ensuite quoi ? Re-remplir à nouveau la to-do list ? Jusqu’à quoi, jusqu’à quand ? Que je meurs ? Bon, je suis d’accord avec vous, je tourne toujours les choses de manière emphatique. J’ai voulu être actrice quand j’étais ado, c’est que ça traîne dans mon ADN quelque part entre la molécule écriture et chaussure.

Concrètement, ça donne quoi de ne plus se transformer en son propre boss et d’arrêter de se coller des tâches sur le dos ? On fait naturellement le tri. Et on s’écoute. Il y a une volupté étrange et dangereuse qui m’envahit depuis quelques jours. Les désirs m’affleurent mais seuls les plus tenaces, les plus viscéraux surgissent en premier. Et pour le reste… eh bien… vous n’êtes pas très concentrée et l’envie de prendre les rendez-vous de la famille vous prend ? Faites-le. Vous aviez prévu de faire cette recherche cet après-midi mais vous y pensez particulièrement ce matin ? faites-le.

Alors, bien sûr, vous me dites, mais comment fait-on quand on pour ne pas oublier de faire des choses ? En réalité, on n’oublie rien. Et si ça arrive vraiment, c’est que ça ne compte pas à vos yeux. Vous riez, vous vous moquez de ce luxe inouï qui ressemble à faire ce qu’on veut quand on veut ? Bien sûr qu’on ne peut pas échapper aux contraintes. Mais c’est un exercice personnelle très édifiant. Vous voulez savoir qui vous êtes, ce que vous désirez vraiment ? Alors, laissez votre inconscient faire le programme de la journée. Oui, même vous derrière votre ordi, une maquette en cours, une classe à réviser. Quand vous aurez fini cette activité, faites celle que vous avez envie de faire, pas celle qui est écrite sur la liste. Vous allez voir, vous cesserez de faire l’urgent pour vous atteler à l’important.

PS : Bon, il est clair que le rouleau de PQ à ne pas oublier d’aller acheter, il est écrit sur un petit post-it. Car il sera sans doute trop tard pour y penser quand j’en aurai besoin.



2016 (tu veux des voeux ou bien)

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J’ai décidé de me lancer dans un projet complètement sympa vu de loin, mais archi fou vu de près : me filmer vous parlant. Profiter du 21eme siècle et de sa technologie flamboyante. Hélas, mon é-moi fut tel qu’il ne vit point qu’à la douzième et bonne prise, la carte mémoire était pleine. Quand, contente enfin de peut-être tenir quelque chose, j’ai réalisé que tout était parti dans le néant du temps qui coule et ne revient pas, j’ai arrêté et décidé d’écrire plutôt que de dépérir.

Je réessaierai, si le coeur m’en dit. Voudriez pas m’encourager un peu ? (Miaou)

J’avais inventé une devise sympatoche pour 2016. Puisque telle est la coutume. La voici, après tout, les rimes existent aussi avec les yeux : En 2016, être avec soi-même à l’aise.

(ouiiii, c’est un alexandrin) (si si, deux milleu seize)(non?)

Et pour être bien à l’aise, il faut se servir de 2015. Et qu’est-ce que 2015 m’a appris ? 2015 a cimenté ma quête de liberté. Être libre d’être à l’extérieur ce qu’on est a l’intérieur (par Bio de Danone) parce qu’on est toujours mieux à sa place qu’à celle des autres. Arrêtons de zieuter chez le voisin pour voir tout ce qu’on n’a pas. Ou qu’il n’a pas que nous avons. Tendons plutôt vers l’édification de notre propre modèle de vie et d’être au monde. Et comme le dirait Marie Kondo dans son livre La Magie du rangement, pour ranger, il faut jeter. Et bien, pour édifier son modèle, il faut s’extraire de celui que construisent les autres. Lui dire gentiment « bravo, tu es beau et tu m’inspires » mais tel n’est pas mon destin.  Même si celui-ci est parfois électrisant. Même si on est tenté pour mille raisons d’avoir le même. Si vous ne l’avez pas construit à cette image, c’est que vous n’en aviez pas vraiment envie.

2015 m’a appris une autre chose essentielle dans cette quête de liberté : ne pas chercher à se faire aimer des autres. Se détacher de cette demande insatiable est une nécessité pour être heureux. Et ne pas se faire aimer ne veut pas dire se faire détester. Ne pas chercher à se faire aimer, c’est exister plus fort. C’est arrêter de sourire quand on n’est pas d’accord, ne pas confondre exigeante et chiante (I am not bossy, I am the boss), ne pas se demander une fois partie si on n’a pas dit de conneries (et alors, et si c’est le cas, qu’y-a-t-il de grave?). Ne pas se faire aimer à tous prix, c’est accepter qu’on est différent de son interlocuteur, qu’on n’est pas moins bien que lui, en un mot qu’on est différent. C’est s’inscrire dans la tête des autres non par nos révérences, mais par notre différence. On se souvient toujours avec tendresse des personnalités singulières.

Ce sont nos différences si difficiles à assumer, à accepter, à laisser voir aux autres qui nous rendent vivant. Ce sont elles qui légitiment notre existence au milieu de 7 milliards d’humains. Dressons-les comme un rempart contre la mornitude.

Bonne année.


 
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