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Collection Apologie pour André, en boutique en mars (montage photo par le Docteur Shooooes)
C’est un phénomène. Comme un petit écureuil au fond des bois qui voit dangereusement baisser son stock de noisettes et propose au voisin de monter une coopérative pour être sûr d’assurer l’avenir, la mode cherche par tous les moyens à endiguer son essoufflement devenu chronique. La collaboration est une solution parmi d’autres. Pour nous, les clientes, c’est croustillant (pendant combien de temps encore?), pour eux, les marques et les créateurs, c’est juteux (enfin, on y croit).
J’adore à la folie la mode mais je ne peux pas m’empêcher de ressentir une gêne. Ces collaborations, elles m’amusent mais elles me collent un malaise. Je vois bien que tout ça n’est pas sain. J’ai le sentiment de regarder se débattre un animal malade qui opposerait à mon regard inquiet une attitude pleine de panache. Une fanfaronnade encore plus angoissante que s’il me disait simplement « je me sens mal ». Il le sait, je le sais, nous le savons : alors qu’est-ce qu’on va devenir ? (maman)
Je me demande sincèrement de quoi est faite cette route sur laquelle les marques s’engagent. Les frontières sont de plus en plus poreuses entres les identités. Tout comme nous d’ailleurs : si on n’a jamais été aussi libre de s’habiller comme on voulait, on ne s’est jamais autant ressemblés les uns les autres, non ?
Mon instinct réagit à ces stimulis : je n’ai jamais eu autant envie de ressembler à un clown. Enfin, je veux dire à mon propre clown, celui que j’ai à l’intérieur, que je traiterais personnellement de fou mais qui semble être la même personne que moi. J’ai envie de dire un méga crotte au monde des gens bien-pensants pour m’habiller de toutes les couleurs, de tous les imprimés, de toutes les formes. Au plus proche de mon coeur.
Mais je ne suis qu’une petite chose prise dans le grand tourbillon de la mode : quand on était à plat dans les sixties, on est monté sur des plateformes 10 ans plus tard, puis les femmes, avide d’un sexy plus primaire, se sont juchées sur des aiguilles dans les 80’s, pour se chausser de godillots dans les 90’s, et se ré-élever à la folie dans les années 2000 avec la manie des talons de 15. Aujourd’hui, cette torture mentale imposée à toutes les femmes a pour conséquence le désir puissant de s’émanciper de toutes les règles. Plus de diktats! Je vous prépare d’ailleurs un vrai messie sur la dictature du-bon-essentiel-à-avoir-dans-son-placard (beurk).
Mais maintenant tout de suite, on va quand même se faire un petit tour d’horizon des croustillades de saison.
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Ci dessus, la créatrice d’ Apologie, Olivia Cognet, a livré une amusante salade de fruits pour sa collaboration avec André. Des ananas, des bananes, des pastèques : c’est mignon, irrésistible, léger, ultra consommable. Cette collection illustre parfaitement ce qui se passe en ce moment : on a envie de ri-go-ler !
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Natalia Barbieri et Jennifer portman du duo Bionda Castana
Côté Perfide Albion, les deux créatrices de Bionda Castana livre une collection pour le géant anglais de la shoes, chouchou absolu de Kate Middleton, j’ai nommé LK Bennett. Comment vous expliquer. LK Bennett, c’est une sorte d’institution en Grande-Bretagne, un peu comme Charles Jourdan (qui n’aurait pas fait faillite), mais sans le dynamisme des lignes. Plutôt avec une pointe de Reine Mère dedans, comment dire, un peu prout-prout-mou. Ceci étant dit, c’est un très bon plan pour les basiques : bonne facture, bon rapport qualité prix.
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Collection Bionda Castana pour LK Bennett printemps-été 2016
La collection capsule des Bionda Castana, quant à elle, est délicieuse. Elle a ce côté girly-chichi qu’on adore voir les anglaises adorer. On y retrouve cette petite manie du napperon et du pique-nique qui obsèdent les british (les pauvres, il pleut tout le temps). Il y a tous ces détails qui se pressent les uns contre les autres, la résille, les imprimés, les découpages, cette folie poétique débridée qui nous échappe totalement. (nous les français, on taille les arbres en carré quand même)
Bref, on n’est pas la cible mais comme un gros scone plein de crème, c’est quand même bon de savoir que ça existe et qu’on a la possibilité de se l’enfiler si le coeur nous en dit.
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Camille Seydoux porte les bottines qu’elle a conçu pour Roger Vivier (sortie mars 2016)
Chez Roger Vivier, on s’intéresse à une soeur. Pas une bonne soeur, non ! (ralala des fois) (vous exagérez) Une « soeur de » : Camille Seydoux, la frangine de Léa. Une blonde sympathique et bien née, styliste « des stars » dans la vie. La belle est arrivée là un peu par hasard mais faut reconnaître qu’elle a du goût. Léa Seydoux est souvent flamboyante sur les tapis-rouge et ce n’est point dû au hasard. Ceci expliquant donc cela : le chausseur parisien a eu l’idée de s’acoquiner avec Camille. Le résultat ? Une petite ligne d’accessoires en patchwork de denim, exactement ce dont on a envie cette saison.
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Montage photo par le Docteur Shooooes
Bondiou, ma bonne dame, le coup de la robe à paillettes avec les collants framboise et les sandales en jean, ça m’parle !
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Montage photo Docteur Tiph’
Enfin, voici la collab préférée du docteur Tiph’ (vous savez la nouvelle interne). La collection Etienne Deroeux pour Carel (c’est écrit sur le gif) (comme le Port Salut). Retenez le coup de l’espadrille qui prend son envol, on en reparlera.