PsyShoe, la psy de la shoe #1

sophia-webster

Je viens de taper le mot « développer » dans Google, et en cinquième position, le monstre chercheur me suggère « développer sa créativité ». En deuxième référencement sort un article du Journal du Net titrant que la créativité est à portée de tous. Qu’il faut juste s’entraîner parce qu’au fond, c’est une qualité très utile.

Je me rappelle cette conversation avec le chausseur Michel Perry – créateur de la marque éponyme dans les années 80 et actuel directeur artistique chez Weston – lors d’un voyage que nous faisions ensemble en Italie. Nous partions à l’époque deux fois par an afin de concevoir la collection. Bien sûr, je n’étais nullement à la naissance des dessins, mais je lui offrais cet œil extérieur avisé et neutre dont tous les artistes ont besoin. Un jour, tous les deux en voiture pour se rendre à l’usine, nous parlions de la difficulté d’évoluer dans des structures où les financiers sont tout puissants. Il me raconta alors une anecdote emblématique du rapport nébuleux qu’entretiennent les compteurs de chiffres avec leurs créatifs. Il fut convié un matin dans le bureau du nouveau directeur financier. Celui-ci l’accueillit à bras ouverts, désireux de tailler le bout de gras et d’en connaître un peu plus sur ce mystérieux challenger dont ses bons résultats dépendaient. J’imagine que la conversation a dû courir sur des sujets résumant l’actualité de la boîte, puis le directeur financier a finalement posé la question centrale de son entrevue avec Michel : « Alors, ce que j’aimerais bien que vous m’appreniez c’est votre processus de création. Vous pouvez m’expliquer comment vous procédez afin que je comprenne concrètement comment ça marche ? » Il y a deux catégories d’êtres humains je pense. Ceux qui attendront la réponse avec impatience et ceux qui seront sidérés de tout simplement entendre formuler une telle demande. Inutile de préciser que je fais partie de cette dernière.

D’où vient l’imagination ? Comment devient-on cet être mi-raillé, mi admiré qu’on nomme confusément le créatif ?

Vendredi dernier, j’étais chez ma grand-mère. C’est un rituel nouveau que j’ai d’aller la voir seule, sans enfants, sans compagnon, le dernier jour de la semaine, volant ce temps avec elle sur celui du travail. Je dois avouer avec peine que c’est un accident survenu il y a quelques mois qui m’a fait prendre conscience de sa fragilité et qu’il fallait en profiter. Je me sens de plus en plus proche d’elle. Son regard est perçant et même si elle ne fait pas partie d’une génération qui est allée chez le psy. Le cheminement de la vie a fait éclore en elle les merveilleux fruits de la clairvoyance. Elle est capable de dire et d’entendre des choses sans compromis. À 94 ans, elle fait preuve d’une curiosité et d’une ouverture d’esprit dont j’espère être, un jour, la digne héritière. J’y travaille. Nous venions de finir de déjeuner, laissant traîner les restes sur la table pour nous enfoncer avec langueur sur le canapé. Ma grand-mère m’ayant dit avec délice « Viens, on regarde un peu Facebook ». (oui oui)(elle est vraiment formidable). Après quelques photos de famille et commentaires sur les destinations de vacances ou les enfants des uns et des autres, elle me dit tout de go « j’ai eu une enfance très solitaire. Comme je t’ai déjà dit de nombreuses fois, mon père était très rigide, j’avais peur de lui et lorsqu’il me surprenait en bas de la maison discutant avec une copine (une copine, elle insiste) après l’école, il me disait « monte ! ». Je lui dis immédiatement que moi aussi, j’ai eu une enfance très solitaire. Elle acquiesce. Elle connaît le contexte : une sœur plus âgée, un domicile à des kilomètres de l’école, peu de visites à la maison. Puis, je lui dis, parce que j’y ai réfléchis depuis longtemps, que mon métier est d’être une créative. Et que cette ponte intensive qui est le sel de mes activités, je la dois à cette grande solitude de l’enfance. Qu’elle a développé mon imagination, a encouragé un besoin insatiable de raconter des histoires et d’inventer des mondes. Ma grand-mère relève la tête, pointe un doigt en l’air et dit avec vigueur « eh bien, tu vois. Je suis entièrement d’accord avec toi. Cette solitude, tu l’as transformée en force. »

Petite j’écrivais des romans. Sur trois pages, hein. J’aimais bien qu’ils racontent en détails la vie que je rêvais d’avoir. Je me souviens de l’un deux décrivant avec délectation et moult détails une maison présentant en lieu et place du salon une véritable jungle et une piscine secrète. Un jardin intérieur foisonnant, transposition inconsciente de mon état d’esprit. Plus tard, et même avant de fonder ce merveilleux cabinet des folies, je me suis toujours amusée à écrire des histoires avec celles que les autres avaient à m’offrir, même dans le silence, même lors de la rencontre furtive dans les transports en commun. Que racontent tes vêtements ? Que disent de toi tes chaussures ?

Tiphaine s’est prise au jeu de laisser flotter ses sensations sur cette paire de Sophia Webster. Des sandales qui ont une âme. Sur une aiguille d’argent tranchante roule une mer tempêtueuse à la Hokusai. Une mère providentielle faite de vagues de crème glacée sirupeuse aux colorants doux comme un chat teinté. Un je-ne-sais-quoi d’anglais, un poil d’excentricité, une palette à la queen Elisabeth.

Et vous, vous voyez quoi ?

(Les chaussures sont de Sophia Webster)



AstroShoes : le taureau en 2016.

Tadaaa ! Bienvenue dans notre nouvelle rubrique sur le blog : l’astrologie de la shoes. Chaque 21 du mois, les shoes auront le droit à leur horoscope.

Faut-il mieux miser sur des mocassins ou des sandales en ce mois de mai ? Les compensés vous apporteront-elles du travail ? les runnings ont-elles la cote dans le couple ? Les nu-pieds feront-ils triompher l’amour ?

Rendez vos initiatives radicales, vos décisions irréversibles et vos qualités redoutables en chaussant le chaussant qui correspond le mieux à vos attentes. Bonne lecture !

Le taureau célèbre du mois de mai :

c’est la sandale Sergio Rossi compensée en cuit tressé noir et gold de la collection printemps-été 2016. Une vraie beauté native du taureau. Son allure charpentée et ses lignes acérées inspirées des Seventies ne laissent rien au hasard. Elle éclipse tout sur son passage. Sûre d’elle, elle connaît ses objectifs. Pour les atteindre, elle fonce. Tête baissée. Elle semble s’enrager et s’entêter inutilement et pourtant, elle sortira vainqueur de cette lutte contre les éléments : qui pensait qu’elle arriverait à faire monter cette boule en haut d’un pique! Sa devise préférée est signée Xavier Dolan : « Je pense que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais. »

Pour les Taureau mocassin :

Travail – Vous aurez un pouvoir de persuasion accru en ce mois de mai. Les plis du cuir acquis au fil des derniers mois se transformeront en nouveaux arguments pour exprimer vos idées ou celles que vous souhaitez défendre. Votre languette vous attire une notoriété inattendue, profitez-en !

Amour – Attendez début mai pour attaquer la semelle de votre collègue de travail.

Vitalité – Changez d’imperméabilisant.

Pour les taureau ballerine (et slipper):

Travail – Vous pourriez avoir du mal à concrétiser certains projets du fait d’un manque de visibilité. Vous manquez de hauteur puisque vous êtes à plat. Hissez le ton, ne vous laissez pas entamer par des grandes perches : mettez toute votre intelligence au service de vos envies.

Amour – Privilégiez votre vie amoureuse, dansez, enfilez-vous tout ce qui passe. C’est toujours çà que les boches auront pas.

Vitalité – N’ayez plus peur de vous laisser dominer.

Pour les taureau botte et bottine:

Travail – Vous devez absolument revenir sur un élément du passé et l’apprivoiser. Ne vous drapez pas dans la hauteur de votre tige. Dézippez les angoisses car elles vous perturbent. Si besoin, commencez une nouvelle formation quitte à trancher sévèrement dans le cuir.

Amour – Ne vous laissez pas talonner par des égo mal placés. Cependant, attendez le 6 pour prendre des décisions.

Vitalité – Faites ressemeler vos énergies.

Pour les taureau sandale et nu-pied:

Travail – Vos dons pour la communication seront au menu de ce mois de mai. Pour le décan des sandales à talon, un regain de ferveur allume une flamme autour du 11. Préparez-vous psychologiquement pour le festival de Cannes. Pour le décan des Birkenstock, vous nouez des sympathies profondes avec vos proches, surtout les doigt-de-pieds.

Amour – Si vous voyagez, vous êtes conquis par un pays ou une culture. Demandez à votre humain d’ajouter des bracelets colorés autour de sa cheville. Plus on est de fou plus on rit.

Vitalité – Suivez une hygiène de vie acétique. Brossez-vous le cuir tous les jours.

Pour les taureau sneaker:

Travail – Le décan des runnings entre dans sa phase solaire et vous connaissez une belle accélération. Vous transmettez aux autres vos compétences, vos connaissances et votre humanisme : des bienfaits qu’ils vous rendront au centuple. Pour le décan des baskets blanches minimalistes, vous faites des rencontres hors de votre territoire et cela redonne de l’élan à vos activités.

Amour – N’ayez pas peur de défaire vos lacets, il n’y a que du bon qui vous attend.

Vitalité – Arrêtez de vous râper le cuir.

Pour les taureau escarpins:

Travail – Il y a quelque chose de prédestiné dans les évènements de ce mois. Que ce soit pour le décan des talons aiguilles ou des talons carrés, les mêmes énergies vous transportent vers l’objet de votre désir. Privilégiez le naturel, ne vous dotez pas de plateaux compensés artificiels, et faites-vous confiance : la récompense est proche.

Amour – Vous serez attentifs à vos partenaires et cela peut orienter vos choix de vie. Vous rêvez d’ailleurs ? C’est le moment d’y emmener le soulier de vos rêves.

Vitalité – Procurez-vous des semelles amortissantes « shopping and dancing ».

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Le film et la photo sont signées Marie Florès, le stylisme par notre Tiphaine Menon nationale.



Le Docteur est réalisateur : Miss rose et Miss Bleu.

Enfin une nouvelle vidéo que je suis amusée de vous faire découvrir aujourd’hui! Histoire de vous prouver que mes absences parfois prolongées ne sont pas dûes à la flemme ou à un désintérêt pour le blog mais bien parce que je fabricotte des trucs à côté qui m’amusent beaucoup. héhéhé.

Quand je croise certaines d’entres vous dans la rue, vous me dites toujours que vous voudriez en lire plus. Et moi aussi, j’aimerais faire plus. Vous ne pouvez pas savoir le nombre d’idées de posts (géniaux évidemment) qui ne se réalisent jamais. Je pourrais mener une rédaction à plein temps sans m’essouffler sur le sujet. C’est vraiment le côté positif d’être fou, c’est qu’on ne s’ennuie jamais. D’ailleurs, une nouvelle rubrique qui me fait doucement rigoler arrive jeudi… Une sorte d’astro de la shoes si vous voyez ce que je veux dire…

Sur cette vidéo réalisée pour Longchamp, nous sommes parties d’une collections « dans le mouvement » (dixit la directrice artistique), déclinant un imprimé tantôt rose tantôt bleu. Nous avons décidé avec Olivia d’écrire l’histoire de deux filles qui vivent chacune dans leur monde chromatique. Elles ne connaissent pas autre chose. Miss Bleu boit du lait bleu et Miss Rose tape sur un ordinateur rose. Un jour, badaboum, leur monde se croise et elles découvrent l’autre. Commence alors un formidable roman d’amitié. Moi, bien sûr, cette métaphore de la différence m’a beaucoup nourrie, et pleins d’idées sont venues d’après cela.

Quand on regarde le résultat, cette revendication a disparu bien sûr. Le film est une pastille légère et gaie. Mais cela m’amuse de vous raconter le processus de création. On part d’une idée parfois très profonde pour arriver à un résultat très visuel. Peu importe ce qu’on invente, il doit toujours y avoir une histoire derrière. C’est le théâtre qui m’a appris cela (vous savez je voulais être comédienne et metteur en scène et j’ai donc fait des études de théâtre après le bac). je me souviens des profs qui disaient « c’est très bien ton truc, mais qu’est-ce que tu racontes? ». Qu’est-ce qu’on raconte ? Question essentielle, voire existentielle dans la vie.

une petite photo cadeau rien que pour vous :

longchamp-splash-behind-the-scene

Behind the scenes !

 

Lessentiel parfois, c’est d’avoir de bonnes équipes ! (aaaaah il y en a du monde sur les tournages)(et du bogoss en prime hein)


 
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