– Esclave du miroir magique, accourt du plus profond des espaces, par les vents et les ténèbres, je te l’ordonne, parle !

– Que veux-tu ma Reine ?

– Miroir, gentil miroir, dis-moi dans le royaume qui est la plus belle ?

– Dame la Reine, vous êtes la plus belle mais Blanche-Neige l’est mille fois plus que vous.

– Quoi ! Tu n’as pas honte le Miroir, tu te prétends gen-til !

– Mais ma Reine, vous me l’avez demandée.

– Et quelles sont tes critères Môsieur Miroir ?

– Baaah, elle est bien plus jeune que vous ma Reine, non ?

– Ce que tes critères peuvent être old school mon pauv’ vieux, on rêve.

– AH, ce sont les critères habituels. Sinon, ses chaussures envoient du bois  ma Reine.

– Et non les miennes ?

– Carrément ma Reine.

– Alors ! Dis que nous sommes belles chacune à notre manière Miroir au lieu de nous mettre en rivalité depuis des siècles !

– J’aimerais ma Reine mais ce ne sont pas là les règles de ma société.

– Pour quelle société travailles-tu Miroir ?

– Je suis le reflet de la société des humains.

– Miroir, dis-leur qu’ils arrêtent de monter les femmes les unes contre les autres en les comparant sur des critères stériles. Dis-leur que les femmes ont bien mieux à faire. Dis-leur qu’on peut transmettre dans la joie, comme ici, devant toi, ma petite Blanche-Neige et moi.

Merci à Marieke et sa fille Lana croisées ce matin dans la rue des Abbesses. À leur inspirante complicité mère-fille !

(et hasard fabuleux, je les ai croisées le lendemain dans le Marais. La fille portait encore ces babies à faire tomber une gamine de 39 ans de son tabouret de bar, et la mère avait troqué ses mules contre une hallucinante paire de Santiags noires, grimpant haut sur la jambe) (de lointaines cousines, pour sûre).

Mira Mikati (340€ mais tissé par le dieu du surf en personne donc vaut le coup)

L’Histoire de la pompe se construit malgré nos réticences. Comme celle de l’humanité vous allez me dire (c’est beau). On voudrait qu’aucune horreur n’arrive mais on ne peut empêcher les évènements de se produire. Finalement, au prix d’un effort infini, on se rend compte que  ces traverses difficiles nous font grandir malgré tout.

Bon, eh bien, c’est pareil avec la mode en général et les tatanes en particulier.

Valentino (240 euros hahaha)

Un matin d’printemps, on tombe sur un défilé un peu hype, genre Céline ou Balenciaga. On se rend compte qu’il faudrait porter des claquettes pour être une femme bien, on est figé d’horreur. L’année d’après, on constate avec angoisse qu’on en a un peu envie dans le fond. Et puis le printemps encore d’après, elles sont à nos pieds. Comblées et sereines nous sommes, même si notre entourage proche (notre moitié, soyons franche du cou-de-pied) est à son tour figé d’horreur.

Bon.

Et puis.

Que reste-t-il à faire sinon lâcher prise et en observer les bons côtés ?

Adilette en velours, Adidas chez & Other Stories (60 euros)

On croit que les claquettes de piscine sont un symbole de la régression actuelle de notre humanité, qui se replie sur les réseaux sociaux, se néglige le gras de la fesse (vision apocalyptique de Wall-E et ses humains-baleineaux-sur-chariot-volant) et qu’on en laisserait de côté les vraies valeurs de la vie (les amis, le vin, les clopes), mais non. C’est une erreur. Dans l’espace incommensurable d’une claquette de piscine, la vie prend vie. Le corps se célèbre, le pied, bah le pied se prend, il s’assoit confortablement pour laisser le cerveau libre de s’ébattre dans la prairie.

Fila chez Urban Outfitters (49 €)

Certains disent qu’il faut que les sexes soient bien différenciés pour que l’espèce se reproduise… Mais si les femmes mettaient des chaussures d’homme, assisterait-on réellement à l’extinction de la race humaine ? Je vous pose la question droit dans les semelles, les Cromagnons étaient-elles en talons ?

Isabel Marant (290 €)(bon c’est du cuir hein)

Nope.

L’histoire dit qu’on a niqué toutes les espèces et qu’on est 7 milliards.

Et que même, ce serait déjà trop.

Emilio Pucci  (près de 380 euros mesdames oui oui)

Pour le bien de l’humanité, de l’éco-système, de la disparition des espèces, de l’alignement du soleil avec les planètes cosmogoniques, des chips sans gras et du bruit dans l’escalier à 3h du matin.

En chaussons les filles.