PsyShoe, c’est un peu de shoe, beaucoup de psy, alors on commence avant tout par s’abreuver d’une paire de shoes: voici un petit gif réalisé par le Docteur Tiphaine autour des sandales Carven de ce printemps-été 2016. Une semelle épaisse et crantée comme des pneus de grosse bagnole, un talon en marbre comme le bidule que mémé a sur sa commode (celle qui habite rue de Breteuil pas l’autre), et de la couleur candy parce qu’on travaille pas chez Speedy quand même. Voilà, vous avez bien mangé ?
Je peux vous parler maintenant ?
J’ai un truc brûlant à vous dire : j’ai réalisé ces derniers temps qu’un tabou dégoûtant nous tenait ferrés comme des carpes immobiles. Ça fait un bail que les injonctions nous interdisant certaines attitudes vestimentaires me courent sur le haricot (pourquoi le rose est-il proscrit pour les petits garçons par exemple ?)(me dites pas , mais noooon, ça va, on peut maintenant! Essayez d’habiller votre petit en rose, et observez les réactions: traumatisantes). Voici ce qu’Alphonse – mon fils de 6 ans -me demande un lundi matin « je peux aller à l’école avec une basket rouge et une noire? » Je précise qu’il a deux paires de baskets du même modèle mais pas de la même couleur.
Je me fige, le regarde. Et je me demande s’il a le droit d’aller à l’école comme ça (S’IL A LE DROIT D’ALLER À L’ECOLE COMME ÇA!). Je ne sais pas ce qui me traumatise le plus, sa question ou le doute qui m’envahit l’espace d’un instant. Je lui dis oui, tu peux, comme un acte de rébellion contre un système silencieux et pourtant bien présent. Mais ô bon dieu, qui est-ce que ça dérange qu’il ait des baskets différentes ? Combien de parents auraient refusés ? Je dois avouer que le soir en rentrant, je lui ai demandé ce qu’avaient dit ses copains, au fond, je craignais les colibets. Mais non. RAS. Certaines mamans m’en parlent de temps en temps, parce que leurs enfants leur en parlent. Ils trouvent ça cool.
Mais, les adultes ?
Il est impossible d’adopter une telle pratique sans affronter les regards. Elle est folle ? Elle est bizarre! Sans compter que notre oeil est tellement habitué à la symétrie qu’esthétiquement, on a un rejet de la disparité (sauf pour les Converse mais ça compte pas hein). J’ai fait un petit sondage hier sur Facebook auprès de mes amis et à la question « Est-ce que ça vous est déjà arrivé de porter des chaussures dépareillées? », les réponses tournent autour de la rébellion de l’adolescence « oui pour le Fun, mais quand j’étais très jeune », me dit la créatrice Gordana Dimitrijevic ou « pour faire comme Punky Brewster », m’écrit Stéphanie Brissay, rédactrice de mode. Les autres témoignages tournent autour du manque d’attention « Oh que oui, parce que je pensais à d’autres choses plus importantes au moment de me chausser. (…) Et se rendre compte qu’on a marché toute la journée avec deux bottes différentes: une grise a talon. Une marron plate. Òu habite ma tête !!! » s’exclame Elisa Cornillac. La volonté de se faire plaisir ou d’exploiter la symétrie de notre corps est inexistante. Sauf dans certains cas, avec des personnalités très très affirmées comme Inès Olympe Mercadal: une amie créatrice qui est une vraie figure de la nuit parisienne, avé le look dément et tout.
Moralité: l’injonction de porter les mêmes chaussures est bien inscrite dans nos esprits. Que ceux qui diront que c’est juste une question d’esthétique retournent à la case départ de ce post sans passer par la banque.
Vivre en dépareillé est pourtant une pratique courante : des bagues différentes aux mains, une boucle d’oreille pendantes à gauche et une puce à droite, des poignets disparates. Mais passée la ceinture, point de rigolade, même les chaussettes subissent la dictature: » Une fois, ado, trouvant cool les docs transparentes de ma soeur, je les lui avais piquées… C’était sans compter le dépareillement des chaussettes….. une Gaston Lagaffe et une écossaise… », m’écrit Quentin.
Y-a-t-il un espoir, quelqu’un pour brises nos chaînes ? Franchement, c’est tellement évident que l’on peut, que l’on va dans un futur très proche porter des souliers différents, que certains créateurs y ont déjà pensé. Bon, d’accord, vous êtes au taquet, vous allez me parler de Camper et de ses fameuses Twins mais c’est frileux comme engagement hein. J’ai rencontré en mars dernier, au salon professionnel Première Classe, une créatrice anglaise qui propose des sandales et escarpins réellement dépareillés. Je lui ai presque fait l’amour tant je me suis écriée à l’évidence. Pas un hasard que ce soit une fille de la Perfide Albion, là-bas de l’autre côté de la Manche, ils savent qu’une forme de liberté passe par l’appropriation de son corps, et par les parures dont on le couvre.
Je viens de passer les 25 dernières minutes à rechercher les photos prises sur le salon des modèles de cette créatrice. Mais vraisemblablement, elle n’a pas dû m’en donner l’autorisation (oui parfois, les gens ont peur qu’on parle d’eux et d’être copiés, du coup, ils préfèrent rester invisibles) et j’ai perdu sa carte, donc je ne sais plus son nom. C’est vraiment pas sérieux. Il faudrait que j’aille fouiller dans le sac que j’avais ce jour-là le 7 mars pour retrouver sa carte. Donc que je fouille dans mon IG (@Doctor_shooooes) voir si j’ai pas été prise en photo pour voir quel sac je portais ce jour-là… #onadessoucis. Mais sinon, vous allez croire que je vous raconte des bobards, mais je vous jure Madame que j’ai jamais couché avec un garçon, pardon, que sa manière de marier les couleurs d’un pied à l’autre était d’une poésie hautement désirable. Qu’il ne s’agissait pas de jouer les clowns avec une botte et une sandale, mais de porter sur un même talon (pour pas claudiquer quand même) des formes différentes mais formidablement bien assortie l’une à l’autre.
Bref : ce post est beaucoup trop long, je m’en vais, j’arrête de vous tenir la jambe?
Bref bref: je vote pour la démocratisation des pieds.
Bref Bref bref : je cherche des créateurs pour se lancer.
bref bref bref bref : Bon week end!
c’est bizarre parce qu’en même temps, avoir les deux pieds dans le MEME sabot, ça va pas non plus!!! :-) donc deux pieds dans deux sabots différents, logiquement, ça devrait passer non??? :-)
@jicky Mais c’est bien sûr Jicky!! Tu confirmes donc cette urgence pour les chaussures de fabriquer des paires dépareillés! Bise
Trop mignon.
Un jour j’ai porté des chaussures dépareillées, inconsciemment, une noire et une marron, des chaussures basses, de même style. J’étais pressée, je conduisais ma fille à la crèche où l’on ôtait ses chaussures pour entrer. En sortant, je ne retrouvais plus mes deux chaussures et il m’a fallu un moment avant de comprendre… Dans la rue, rentrant chez moi, il me semblait que tout le monde regardait mes pieds… (tout le monde s’en foutait bien :_) ).
Pas évident de dépareiller sciemment, mais en y allant subtilement, je crois que j’aurais des idées si j’étais chausseur :-)
@Alex N’est-ce pas ! Je vois bien un beau dégradé de couleurs, ou bien une bottine échancrée dont la ligne jouerait d’un pied à l’autre… Bref, il y a pleins de choses à faire! :)
Mais oui!!!!!!!!!!!!!!!! C’est une très bonne idée. La vérité sort tellement souvent de la bouche des enfants.
@Ele Les enfants sont libres et c’est ça qui est magique ! :)
Très bonne idée les chaussures dépareillées, cependant je ne sais pas si je serai prête à sauter le pas…
Pour ce qui est des chaussettes, il existe une marque que j’ai découvert il y a peu qui fait de très belles paires dépareillées, Oybo, https://www.oybo.it/
Bonne soirée !
J’ai acheté une paire de basket rouge… et j’ai aimé les porter… je me suis dit : tiens si je les prenais en bleu… histoire d’assortir à mes tenues… et en fait je me suis dit : et si j’en mettais une de chaque… et j’adooooore en fait !!! Et peut importe les dogmes symétriques… je kiff et cela me suffit !!!