J’ai vu tellement de chaussures en sept jours qu’une personne normalement constituée aurait depuis longtemps commandé un lacet pour se pendre.

Moi, je me sens plutôt en forme et il y a deux ou trois trucs (10 en fait, dit le titre) qui me tournent dans le cerveau et que voici.

Le pantalon sur la bottine plate façon Gucci. C’est un fantasme de fille qui voudrait tourner au masculin : c’est-chic-c’est-beau-tu-meurs mais la gambette doit être si longue et fine qu’on en reste souvent à l’état de désir larvé. La bonne ordonnance pour tenter le truc c’est le pantalon 7/8 qui colle légèrement les fesses mais pas la jambe (ou untoutipeu) et une bottine plate (avec une talonnette aussi c’est d’accord) style chanteur afro-américain des années 70.

Photo par Tommy Ton.

Les bandes de filles avec des pompes qui tuent. C’est une vision qu’on n’a jamais en temps normal. (ou alors je ne dois pas vivre dans le bon cosmos) (mes parents ne vendent pas de pétrole). Des bottes en python, des sandales Prada, sans parler des sacs Chanel ou Fendi qui les accompagnent, franchement c’est le même kiff que Picsou quand il nage dans sa piscine de pièces.

Les escarpins mécano-girly de Miu Miu. (serait-ce un hommage à la lutte pour l’égalité homme-femme ?) C’est une de ces années à noeuds chez Miu Miu. Ils reviennent régulièrement et c’est toujours un plaisir. Avec le jacquard lamé en plus, c’est vraiment comme si Miuccia avait fait des jambon-coquillettes à une enfant de 4 ans. Je suis comblée. Quoi, vous n’êtes pas fan du talon clou-concept  ? Mais siiii, sinon ce serait trop premier degré.

Les orfèvres de la running. Regardez ce travail de couleur sur les accessoires de Vee : elles résonnent entres-elles tout en n’étant pas tout à fait les mêmes. Cette variation est si chic et subtile qu’elle remplace n’importe quel escarpin. D’ailleurs, Virginie ne dénotait pas dans l’ambiance feutrée, remplie d’américaines et d’asiatiques surlookées, de cette présentation Roger Vivier.

La nouvelle créatrice qui monte. Sophia Webster est anglaise et elle est tout ce qu’on n’est pas, nous les françaises. Elle est débridée de la couleur et de l’imprimé. Ses collections sont des bonbons. Je ne sais pas trop ce que j’en ferai si j’avais ces chaussures dans mon placard mais savourer leur existence est déjà un régal.

Les français qui se lancent. À l’heure où la noyade du savoir-faire français est quasiment consommé, certains n’hésitent pas à y croire. Comme Billy Lagré (fils et petit-fils d’artisan) et sa femme Valérie qui ont lancé l’année dernière une marque de chaussures de luxe fabriquée en France : Louis Félix. J’ai été frappé par la beauté des modèles, comme cette bottine ci-dessous. J’ai désiré très fort une paire d’escarpins esprit 80’s à talon moyen et échancrure haute. Une avalanche de détails précieux et une réalisation parfaite justifient un prix élevé… très élevé… très très élevé. Une nouvelle marque de luxe peut-elle se faire une place au soleil quand la plage est déjà bondée ? Affaire à suivre. Je leur souhaite de réussir tant ils sont passionnés par leur métier.

Photo par Tommy Ton.

Les runheels de Dior. On n’en rêvait pas, Raf l’a fait. Au moins, cela aura le mérite d’avoir existé. Si vous vous posiez la question chez vous, que vous découpiez les semelles de vos runnings pour les mettre sur vos escarpins, mais comme ça, juste pour voir ce que ça pourrait donner, plus besoin de vous donner tant de mal, le créateur de Dior l’a tenté. Sur le papier c’est hyper métaphysique, j’adore. Ce serait comme la quintessence de notre société. Sur les pieds, par contre…

L’oeil de Pierre Hardy. L’un qui regarde et l’autre qui pleure (voyez la goutte sur le coin). Les yeux sont un vrai leitmotiv depuis deux saisons. Est-ce un message subliminal ? Faut-il ouvrir les nôtres ? Sur quoi, sur le monde ? Est-ce une supplique pour qu’on nous regarde plus ou, au contraire, pour qu’on regarde plus les autres ?  Voyez, ya de quoi méditer pour les prochaines vacances.

Photo par Tommy Ton. 

Le gimmick des brides défaites. Han, genre elle a oublié de les attacher. Ouais mais tu comprends, le contraste entre les babies à paillettes et le côté négligé des boucles pas attachées, ça casse un look trop apprêté sinon. C’est graphique en plus. Surtout avec les socquettes, c’est un incontournable, mi petite-fille, mi louloute à la Saint Laurent. Et ce côté masculin-féminin ahlala. C’est une AG de tendances cette silhouette. Un moodboard vivant.

La folie Saint Laurent. Aux pieds des filles, Hedi Slimane rôde en silence. Emmanuelle Alt (la chef du Vogue Paris) semble avoir toute la collection, et partout, les escarpins 80’s et les bottines lacées du printemps-été 2014 affichent leur discrète appartenance. Le Dr Shoooes n’y étant pas complètement insensible…