Si j’étais une autre que moi, je serais un peu ces douces sandales au toucher satiné. J’aurais cette tendresse de conte de fée, ce maintien précieux qui ferait de moi une jeune fille sans aucune liaison dangereuse. Ou juste un peu. De dos, on ne verrait qu’un nœud soyeux, un peu au-dessus de mes fesses (rebondissement parfaites), symbole de ma délicate féminité et de mon extrême courtoisie (même mon derrière prend soin de votre regard). De face, on pourrait se perdre le long de ma tresse subsaharienne, laissant le désert immaculé de mon cou-de-pied se faire enclaver avec distinction. Quelques aimables doigts de pied aux lignes artistiques auraient l’ongle finement ouvragé et peint d’un rouge Madrid Mavala, unique objet de ma provocation. La hauteur de mon talon n’évoquerait qu’un délicat sillage phallique, que seul les yeux les plus avisés sauraient percevoir. J’aurais de grandes échasses minces et longues qui sauraient battre le rythme de ma vie avec aisance. Queen Prom’ de formation, ma grâce ne marcherait que sur de la moquette et serait détentrice d’une tentaculaire penderie aux teintes dragées. Eblouissante analogie avec les velours damassés de l’hôtellerie somptueuse de Park Avenue.
Quand on sait que je suis une indéfectible titi parisienne accrochée à mon pti noir au comptoir, adepte des slims, des chemises piquées à mon mec et des vestes de blazer, une marathonienne du couloir de métro et du rendez-vous « un toutes les demi-heure », une manutentioneuse d’enfants en demande de bisous et de soins, une déménageuse du quotidien, ordi dans le sac, fringues en shooting et pause dèj là ou on peut, alors, on comprend combien cette friandise de chaussure a pu me transporter n’est-ce pas ?
Modèle Sweepstakes de Stuart Weitzman, un des géants de la pompe US. Je vous donne le prix mais point n’est besoin de la posséder, la regarder est déjà un must. 455€, rens. au 01 42 60 47 92 (au fait, cette chaussure marche aussi si vous avez un mariage, baptême, communion, pacs).
Wow! J’adore et ces chaussures, et ton texte… Mais malheureusement pour moi aussi, cette chaussure restera seulement un fantasme. En plus, ici, ils sont dingues de rues pavées (avec les petits pavés à l’ancienne sans joint au milieu…)
http://www.moinesauvage.com
@Moine Sauvage @Moine Sauvage il est beau ton blog :) D’ou viens-tu pour avoir autant de pavés « sans joint au milieu » ?
Ah ah j’adore ta prose !! Mais les chaussures sont la projection de nos fantasmes, c’est pour ça qu’elles nous font tant craquer. Et pourquoi ne pas se faire la vie qui vont avec nos chaussures plutôt que l’inverse !! Demande à ton boss un chauffeur :-)
@Virginie/Mode9 @Virginie/ Mode 9 ahahahaha ! Mais je suis un peu ma propre boss… et puis, c’est bien la vie de titi, non ?
Clap ! Clap ! Clap ! Clap ! Superbe texte !!! Moi j’avoue acheter ce genre de chaussure pour être ce genre de fille l’espace d’une soirée mais pas plus.. Parce que ça ne tient jamais jusqu’au petit matin (hips!) et parce que les Queens prom’ sont un peu ennuyeuses quand même !
@Mannabelle @Mannabelle mais graaaaave, on est plus rock’n’roll que ces filles-là ! ;)