Je vois l’art de la mise en scène. Le théâtre et son aire de jeu qui permet de raconter des histoires, des rêves et des fantasmes. Daphné joue sa propre héroïne et passe maître dans la mise en perspective de soi. On devine qu’une part d’elle profite de cet espace offert par Irma pour s’offrir un rôle le temps d’une image. Un rôle qui est un rôle, et donc pas vraiment elle tout en étant le fruit de sa créativité. Être vue, se faire voir tout en restant caché derrière une paire de souliers et des collants : une belle ambivalente notre Daphné. Ce qui la rend d’autant plus mystérieuse… Je la soupçonne d’espièglerie, de nous jouer une bonne blague dont elle-seule détient les clés. Un mystère que ne saurait renier David Lynch. Et le rouge, mmmmm, le rouge, cette cascade incendie. Rien d’anodin dans cette couleur qui évoque la dimension merveilleuse de la vie, de l’excitation, de l’amour mais aussi ses troubles et ses blessures. À l’intérieur de Daphné c’est bouillant de vie. De fougue. Et ce tapis classique et bohème à la fois, voici une âme qui balance entre tradition artisanale et sophistication décalée. Des sabots made in la Suède, quintessence du style « nature » qui, dans un art du décalage exquis, rencontrent le rouge « Lido » pour allumer ce qui pourrait être perçu d’abord comme sage.  Ce ne serait pas le feu sous la glace notre Daphné ? Et ce cou-de-pied de danseuse, cette cheville galbée : une séductrice qui s’ignore ? Peut-être pas tant que ça. Daphné est une volonté, une discrète qui fonce. Regarder en avant ? Sa présence sur ce cliché ne parle que de ça ! Que battit-elle de ses mains, notre mystérieuse héroïne ?