Bon d’abord, il y a eu elle. Garance. Ma petite fleur de Paris.
C’est fou comme se tenir à l’écart du bruit du monde vous rend philosophe.
Vivre sans sirènes qui vous hurlent dans les oreilles, sans la montre qui vous fouette les fesses pour vous dire d’avancer, ya rien de mieux pour vous remettre dans le droit chemin de vous-même. Vous décitronner le cerveau trop pressé. Un bébé est une merveilleuse occasion d’ouvrir cette parenthèse.
C’est salutaire, le recul. Pour remettre les choses à leur place. Parce que vous pouvez pas savoir le temps que je prends à gérer les urgences et comme je néglige l’important si je ne me retiens pas.
Prendre un peu de hauteur, c’est se faire un cadeau. S’offrir l’horizon le temps d’un instant histoire d’apercevoir le paysage qu’on a construit. Et tout en appréciant cette vue d’ensemble, en profiter pour faire le point.
Cette petite cabane charmante tout en haut, pourquoi est-ce que je n’y vais pas plus souvent ? C’est là-dedans que j’ai rangé le pourquoi-du-comment-je crois que je suis sur cette terre.
Ce verger à flan de coteaux, il a tant de fruits à saisir, pourquoi est-ce que j’hésite ? Après tout, si je me plante, on sèmera autre chose.
Cette étendu d’herbes un peu rase là-bas, est-elle utile ? Ah oui, celle-là, c’est celle qui paye la cantine des enfants.
Ce lac entre deux montagnes qui reflète le ciel, qu’est-ce que j’y vois ? Mes rêves.
Bref.
Des reliefs qui forment nos pleins et nos déliés, nos envies et nos devoirs, nos joies et nos pénitences. Ça me rappelle le jour où je suis partie dans le nord du Vietnam, à Sapa. Des montagnes entièrement taillées par la main de l’homme en rizières nourricières. 90% de l’années, elles sont dans le brouillard. Et le soir où on est arrivés, paf, on voyait pas à 5 mètres. Mais c’est la vie que voulez-vous. À notre réveil, il n’y avait plus un seul nuage dans le ciel. La bouillie épaisse s’était transformée en une cathédrale à ciel ouvert. À perte de vue.
Et regarder l’horizon quand on n’y prêtait plus attention, ça vous change une femme, madame.
Parce que, nom d’une crotte de bique, la vue est belle pour qui veut bien s’y attarder.
Et j’ai décidé que j’allais être plus fière de moi. Que jusqu’à maintenant, c’était pas suffisant. Que ça allait prendre du temps mais que je ne me ferais plus avoir, que j’arriverai à aménager « cette charmante petite cabane tout en haut » pour la rendre parfaitement habitable.
On parle mode ?
J’ai peu approché les défilés lors de la dernière fashion week, autant pour ma santé physique que mentale (je ne vais pas vous réexpliquer comme les gens sont méchants hein)(ils vous poussent même dans les escaliers (véridique) alors que depuis la maternelle, on sait que ça se fait trop pas). Néanmoins, j’y ai repéré mes envies de l’hiver prochain. Je les ai toutes fourrées dans un dossier sur mon ordi et quand j’ai fait pomme A puis barre d’espace puis présentation en multi-fenêtres, j’ai découvert que j’avais la psychologie d’un 45 tours (sorry les jeunes). Deux musiques pour une même cervelle.
Face A, l’amour du vêtement « statement », de celui qui illumine le quotidien, celui qu’est marrant tout plein. Des couleurs, des matières, des volumes. Une féminité qui s’émancipe, qui conteste le bon-jolie-bon-genre sans renier son sexy, les tissus restent fluides et s’arrogent le droit au précieux tout en endossant un brin d’irrévérence punk et d’humour. En gros : des joggings à porter avec des shoes de mecs à étoiles (je sais l’étoile, c’est gimmick, mais c’est comme les fraises Tagada, je m’en lasse pas) avec le petit blouson en cuir de mes 20 ans et sa moumoute trop fun ou chais pas. Un sweat shirt dans qui on se cache tranquille les lundis matins, un perf’ oversized couleur pétard en forme de meilleur ami. Bref, ceux qui me connaissent me reconnaîtront.
Face B, la simplicité, le confort, l’élégance intemporelle. La femme que ses petits enfants regarderont en photo en se disant « pétard, mamie elle envoyait du bois ». Du denim en millefeuille parce que c’est ce que le XXème siècle a fait de mieux, du tailoring bistre avec des volumes couvrant et, ô Victoria suspends ton vol, un grand col roulé bordeaux avec une jupe fluide et longue en mousseline framboise (et les bottes seventies bordeaux assorties): l’une des plus belles silhouettes de la saison.
Un truc qui me fait frémir les papilles, c’est cette tendance aux mélanges de couleurs bizarres. J’avoue, depuis quelques mois, je suis fourrée chez Cos. Bon, pour deux raisons. La première, c’est que lorsqu’on est enceinte ou post-bébé comme moi (avec plusieurs kilos et une taille de fringue de plus), c’est le paradis. Les lignes sont amples. Les prix restent gentils. La deuxième raison, c’est la gamme de couleurs. Il y a quelques semaines, je devais reprendre le travail et, sans habits rien du tout de propret dans les placards (je vous fais un peu de peine hein), je suis allée chez Cos. J’ai tout simplement acheté deux tenues complètes, allant même jusqu’aux chaussettes. Comme si ça ne faisait pas 15 ans que je bosse dans la mode. Mais leurs mélanges étaient fous: kaki, orange et brique d’un côté, orange, bleu ciel et bleu marine de l’autre. Bref, si vous croisez une oeuvre de Rothko dans la rue la prochaine fois, venez me saluer, c’est moi. (la meuf).
Sinon, côté chaussures à la fashion week, il y a un truc qui m’a frappée, c’est à quel point les maisons pensent à nous. On sent vraiment en profondeur qu’ils créent pour nous. Les vraies femmes (Barbara Gould), je veux dire. Celles qu’on prend le métro, qu’on change les couches, qu’on fait réchauffer les haricots verts, qu’on doit déposer les gosses à l’école où personne ne travaille dans la mode, le tout en restant extraordinairement intelligentes et brillantes. D’où le message des bottes à paillettes j’imagine ?
C’est que les marques, elles pensent vraiment à nous.
Elles sont focus sur nous, nos vies, nos besoins. Elles font corps à corps avec nos revendications, notamment l’égalité homme-femme. Elles créent avec ces idées en tête, ça se voit.
Sans blague. En fait, je vais me contredire. J’adore faire des blagues, du coup, je raconte des conneries. Mais je crois que, en matière de droit des femmes, on avancera notamment quand on aura le droit de s’habiller exactement comme on veut. Sans que cela déclenche une avalanche de commentaires. Très peu vêtue ou très vêtu, avec un serre-tête ou un gros cul dans un slim, avec des seins à l’air ou un vieux cache-poussière, bref vous m’avez comprise.
Sinon, quelques uns de mes looks préférés : la robe rose en soie dont toutes les filles rêvent (avec les bottes pratiques itou)(non seulement elles te montent jusqu’à la zézette mais en plus elles te doublent ton volume de naissance), le manteau « génialissime » de Balenciaga qui va vous faire retourner tous les parents le matin à l’école, l’une des robes de la collection Carven, dont la palette de couleurs est extraordinaires, faite de rose antique et brique claire, et ce néo-jean par Tibi, la marque qui monte à New York (avé les bottines turquoises)(vous voyez c’est partout les mélanges de couleurs picturaux).
Sinon, quelqu’un avait prévenu le créateur de N°21 (Numero Ventuno) que c’était vraiment pas politically correct de porter des New Balance après les propos tenus par son président, méga pote de Trump ?
Voilà c’était ma fashion week, celle que j’ai envie de porter et celle qui me met les sourcils en accent circonflexe.
Et la prochaine fois, c’est promis, on parle VRAIMENT de chaussures.
Au fait, je vous partage un petit film de Rebecca Zlotowski pour Fendi qui m’a tapé dans l’oeil ! À découvrir en entier le 22 mars sur fendi.com.
Heureuse de te lire! Je retiens que les paillettes, c’est la vie. Je suis épatée par la silhouette bordeaux rose bordeaux. Je veux m’habiller comme ça moi aussi.
Enfin j’apprends qu’il y a de la couleur chez COS? Moi qui croyais n’y trouver que du noir/gris/bleu marine…
@Claire C’est pourtant pas compliqué ce qu’elle a fait Victoria Beckham mais c’est élégant, facile à porter, c’est racé comme silhouette, c’est chaud… Il faudrait connaître les prix maintenant héhé.
Mais oui, va voir chez Cos dès que possible. L’autre jour tout était dans l’entrée, c’était magnifique tous ces oranges, ces kakis et ces roses. Mais la disposition a peut-être changée depuis. Sinon, je suis comme toi d’habitude, Cos ça me tombe des bras tellement tout est noir et qu’il faut fouiller (la flemme), je veux du tout cuit :). bises et merci pour ton message
Coucou Mathilde ! C’est cool de te revoir par ici :-)
Moi aussi j’ai fondu pour la silhouette framboise bordeaux de Vic, j’adore ces associations de couleur avec le bordeaux, rouge, rose, orange, ça matche super bien.
COS est un peu ma deuxième maison, avec &OtherStories, j’aurais bien aimé voir tes looks, sinon j’essaierai de te croiser sur la butte ;-)
A très vite alors ! Bises
@Gaëlle Je me prends en photo et je poste sur Instagram mon look si tu veux ;) des bises
Heureuse de te retrouver, Mathilde ! Très jolie introduction et très belle conclusion. Moi aussi, je kiffe cette pub pour Fendi, d’autant que la musique est signée Las Aves, un groupe français surdoué.
Le regard de cet enfant, il n’y a que ça de vrai!
Ravie de ton retour ,très bel article ,mais la plus belle c’est Garance !