Je tente un truc complètement fou en ce début d’année (encore un, oui je sais) (j’ai le goût de l’aventure) : je ne fais plus de to-do list.
Enfin, je précise, je n’écris PLUS de to-do list. Une liste de choses à faire de ma vie, j’en ai une, vous vous en doutez bien. Ce n’est pas une résolution, je n’en prends jamais. Pour la simple et bonne raison que je ne suis pas sensible à la symbolique des dates (ah bon c’est ton anniversaire?) (j’ai 36 ans? aucune idée de ce que ça veut dire). Ça tombe par hasard en ce mois de janvier. Sans doute parce que je reviens d’une pause et qu’en sortant quelques jours du tambour de la machine, on veut bien y retourner en écoutant mieux ses consignes de lavage personnelles. Je ne l’ai pas prémédité, c’est venu naturellement.
Quand je suis arrivée devant mon bureau le lundi 4, j’ai voulu écrire ma to-do list et je me suis rendue compte que celle-ci me prendrait toute l’énergie que j’avais en stock ce jour-là. Voire absorberait toutes mes envies. Une fois qu’on a couché toutes ces choses à faire sur le cahier conçu à cet effet, que nous reste-t-il à part une liste de tâches ? Où sont passés les beaux projets, ceux tout là-haut scotchés au firmament du désir, et qui sont encore à l’état de rêve, quand ils se trouvent placés au même niveau que l’envoi du courrier à la CAF, la course chez Monop’ ou le papier à rendre sur un sujet pas passionnant ? Même s’il y a des catégories sur ma to-do list – c’est un vrai meuble PAX à elle toute seule : « à faire », « à penser », « à suivre », les « shit happens » (quand un mail demandant une réponse précise et concentrée tombe en plein milieu de la journée de travail) et des couleurs partout – bref si tout est hiérarchisé dans mon cerveau, ils sont sur LE cahier, sur LA page. Donc sur le même plan.
Tous ces magnifiques projets et choses à faire (plaisantes ou non), quand je les aligne sous forme de to-do list, je leur enlève la liberté d’exister avec légèreté. Le plaisir disparaît. Toutes ces choses se transforment en tâches à accomplir. En obligation à barrer au plus vite pour ensuite… pour ensuite quoi ? Re-remplir à nouveau la to-do list ? Jusqu’à quoi, jusqu’à quand ? Que je meurs ? Bon, je suis d’accord avec vous, je tourne toujours les choses de manière emphatique. J’ai voulu être actrice quand j’étais ado, c’est que ça traîne dans mon ADN quelque part entre la molécule écriture et chaussure.
Concrètement, ça donne quoi de ne plus se transformer en son propre boss et d’arrêter de se coller des tâches sur le dos ? On fait naturellement le tri. Et on s’écoute. Il y a une volupté étrange et dangereuse qui m’envahit depuis quelques jours. Les désirs m’affleurent mais seuls les plus tenaces, les plus viscéraux surgissent en premier. Et pour le reste… eh bien… vous n’êtes pas très concentrée et l’envie de prendre les rendez-vous de la famille vous prend ? Faites-le. Vous aviez prévu de faire cette recherche cet après-midi mais vous y pensez particulièrement ce matin ? faites-le.
Alors, bien sûr, vous me dites, mais comment fait-on quand on pour ne pas oublier de faire des choses ? En réalité, on n’oublie rien. Et si ça arrive vraiment, c’est que ça ne compte pas à vos yeux. Vous riez, vous vous moquez de ce luxe inouï qui ressemble à faire ce qu’on veut quand on veut ? Bien sûr qu’on ne peut pas échapper aux contraintes. Mais c’est un exercice personnelle très édifiant. Vous voulez savoir qui vous êtes, ce que vous désirez vraiment ? Alors, laissez votre inconscient faire le programme de la journée. Oui, même vous derrière votre ordi, une maquette en cours, une classe à réviser. Quand vous aurez fini cette activité, faites celle que vous avez envie de faire, pas celle qui est écrite sur la liste. Vous allez voir, vous cesserez de faire l’urgent pour vous atteler à l’important.
PS : Bon, il est clair que le rouleau de PQ à ne pas oublier d’aller acheter, il est écrit sur un petit post-it. Car il sera sans doute trop tard pour y penser quand j’en aurai besoin.
Moi j’adore les listes! Celle du PQ c’est celle qui m’intéresse le moins:elle attend sur un coin du bureau avec un crayon à côté et celui qui pense à quelque chose d’utile écrit dessus.Ensuite Monsieur Muscle part au charbon et ça permet de faire tourner la maison…
Après il y a toutes celles que j’aime:liste de livres(sinon je cherche le nom trois plombes chez mon libraire),liste de cadeaux/rêves(au cas où quelqu’un tomberait dessus!),liste de films à louer,liste de produits de beauté au cas où je pourrais ralentir un peu le cours du temps,liste de blogs sympas etc…..
Les bonnes résolutions ça fait un moment que je m’assois dessus,privilège de l’âge,il faut bien qu’il y en ait un!!…..
@Benedicte D. Faire des listes, j’adore aussi. C’est un exutoire, une manière de calmer et d’exalter tous ces désirs… La to-do list, c’est vraiment autre chose encore non ?
moi aussi, moi je veux bien, pour les trucs pas obligatoires… Mais les trucs du boulot, si je ne fais pas une liste, d’une part ça encombre mon esprit (les coucher sur le papier, au moins ça libère mon cerveau du « penser à envoyer tel rappel aux collègues », et en plus, ça me rassure: je sais que je n’oublierai pas et ça me culpabilise moins de procrastiner un peu c’est écrit, DE TOUTE FAÇON je le ferai, sans avoir la pression, puisque c’est écrit). voilà…
« Vous allez voir, vous cesserez de faire l’urgent pour vous atteler à l’important. »
ben justement: mettre l’urgent (et casse pied) du boulot en liste sur un papier, ça me permet d’être sûre que c’est écrit, libéré hors de moi, et donc je peux davantage me consacrer à l’important (simple question de différence de manière dont on voit les choses, en fait. Moi je les vois plutôt comme ça…)…
@jicky Entièrement d’accord avec toi. La to do list n’est pas si méchante que ça en fait. C’est d’ailleurs pour cela que je l’aime tant : elle me permet de vider ma tête des obligations. En ce moment, j’ai besoin de casser un peu les cadres… C’est sans doute pour cela que j’expérimente cette « non to do list life » ! ahaha. bise
Pour moi, il y a deux sortes de listes.
Comme tu l’as si bien décrit, d’un côté il y a les listes pesantes, les listes-en-forme-d’injonctions qui nous écrasent, en tous cas qui m’écrasent, moi, qui me font peur et qui m’angoissent, mais vraiment terriblement, si bien que je finis par ne penser qu’à la liste en elle-même et non plus à la chose que je dois faire et qui, finalement, n’est pas si terrible. Les listes pleines de « JE DOIS » et de « IL FAUT »…
Celles-là, je voudrais bien les éradiquer en effet. Faire les choses dans l’ordre, tranquillement, mais sans la pesante ombre de la liste qui planerait au-dessus…
En revanche, comme l’a écrit Jicky (coucou Jicky !), eh bien certaines listes me libèrent également. Coucher les tâches sur le papier m’aide à prendre une certaine distance vis-à-vis d’elles, et puisqu’elles sont écrites, ça veut dire qu’elles seront faites, quoiqu’il arrive. C’est rassurant.
Pourquoi toutes les listes ne sont pas comme cette dernière sorte ? Eh bah ça, mystère…
PS : J’attends ton mail chère Mathilde. :)
@Naomi Oui, vous défendez bien la to do list, et je suis entièrement d’accord avec vous :) Comme je le dis à Jicky, je pense que j’ai besoin d’expérimenter quelque chose de profond dans ma vie, de briser les cadres, et ce rejet des listes et des choses à faire doit en être l’un des symptômes. ;) J’adoooore les expérimentations ! Je t’envoie un mail (j’ai été charrette ces jours-ci) des bises
Mais qu’est-ce que c’est que ces pompes fuschia/rouge adorable? Merci doc’
Ouais ben moi j’en fais jamais, des to-do list, à part la liste des courses… Et vois-tu, je devrais, en vrai… Oh pas pour mes grandes aspirations, mon avenir, tout ça, mais pour le boulot. Depuis que je bosse toute seule, surtout de chez moi, ben c’est pas mal de bordel, ça part dans tous les sens, y’en a partout, et je lutte pour ne rien oublier (et évidemment j’oublie des trucs, hein). Je note bien des choses dans un cahier, au début, mais pas sous forme de tâches à accomplir. Je devrais carrément, même, je crois que je serais plus détendue ;-)