Photo Garance Doré.

Il y a des essentiels de saison auxquels on sait qu’on ne succombera pas. Lancé par Hedi Slimane chez Saint Laurent en mars dernier lors de son défilé automne-hiver 2014, le soulier au petit talon carré des années 1960 en est un.

On n’y succombera pas, non, parce qu’il est dangereux. Avec son éternel sillage XXe siècle, on frôle le mémère : un look un peu trop mou en haut et paf le chien.

On n’y succombera pas. Même si son confort visible à œil nous en fait sacrément, de l’œil.

Non.

Non ?

Ou alors, il y aurait deux options : la bottine ou la babies.

Dans le cas de la bottine – voir la référence ultime de la saison ci-dessus, avec le modèle Saint Laurent – il faudrait absolument la choisir à paillettes. Sinon, au pire du pire, en cuir verni. Autre chose que ces deux matières un peu « fun », et vous versez dans le normcore (= laissez tomber, c’est comme si vous aviez pire que pas de style). Le rose fushia du père Slimane est ébahissant, c’est vrai. Au défilé, avec les lumières intenses, j’étais dans un tel état d’hypnôse que j’ai crû voir apparaître Oz. Mais pour tous les jours, misez sur le modèle à paillettes gris de  Texto (75€) ou, plus cher, le marron glacé de Carel. Cette maison sexagénaire à l’esprit sixties qui lève à nouveau le doigt pour dire son rang et sa légitimité en ce domaine.

Comment les porter ? Ahah, je dirais que le tuyau le plus important à retenir est de laisser apparaître la cheville. Et donc de porter un jean ou un pantalon 7/8. Parce qu’il faut que l’ensemble reste rock, associez-lui les attributs de la rockeuse : perfecto, marinière, caban, t-shirt col V. Autre chose et vous risquez le baba clown.

Photo Tommy Ton for style.com.

Deuxième option : la babies. Personnellement, je ne dors plus à rêver des babies 3 brides rose fushia de Saint Laurent (on est mono-maniaque-ou-pas). Que je porterais avec la panoplie décrite ci-dessus. Mais elles sont chèèères et un peu immettables (sauf quand on travaille dans la mode peut-être). Tandis que leur consoeur, une paire à bride cheville en cuir verni que l’on trouve à 80€ chez San Marina (voir la photo), sont exquises à couper le souffle. Je les ai essayées et les classe sans frémir dans la catégorie des plus jolies réussites de la saison.

Encore une fois, le problème est de les porter. Comment, héhé ? L’angoisse absolue est de virer Marie-Chantal. Et peu importe comment vous les aborderez, vous n’échapperez pas à leur puissante aura de jeune fille sage. Reste à les assumer et de là, la recette est simple. Surfez sur leur féminine mignonnerie. Loin de moi l’idée de vous faire porter une jupe aussi courte que sur la photo si vous n’en avez plus l’envie (et je n’ai pas dit plus l’âge). Gardez l’idée de la taille haute mais optez pour une longueur midi (= au genou rhooo). Faites rentrer dedans une chemise oversize piquée à votre mec (enfin c’est ce que vous raconterez aux copines, achetez-en une chez Zara c’est plus simple). Comme il fait froid, ajoutez un blouson court. Et puis aussi un gros collier. Oui, vous pouvez porter des collants mais le noir opaque est en phase de démodation, il vaut mieux opter pour des semi-opaques (je n’y suis pour rien dans ces changements, pour toute réclamation, voir avec l’air du temps).

Voilà, donc, comme je le disais au début de mon post, il y a des essentiels de saison auxquels on sait qu’on succombera. Mouhaha.