Vaste sujet dans la vie que de se shoeser soi-même. Une quête qui mène jusqu’aux dernières lueurs de l’existence sans jamais vraiment révéler sa vérité. Peut-être parce qu’elle n’existe pas vraiment comme on l’entend. Mais qu’elle est multiple.
Se shoeser soi-même, ce serait peut-être devenir serein et faire de sa vie une petite oeuvre. Faire de ce qu’on fait de la vie, son oeuvre. Marcher vers des lumières qu’on a choisit, pas celles que les autres choisissent pour nous.
Et puis, se shoeser soi-même, c’est aussi prendre soin de soi. Se rendre compte que la vie n’est pas une répétition de la vie, mais la vie elle-même.
Se shoeser soi-même bien sûr, c’est fabriquer sa propre paire de chaussures. Et c’est sans doute l’aspect le plus évident de cette expression vieille d’il y a, euh, 10 min (mais c’est pas parce que c’est pas vieux que c’est pas vrai).
Se shoeser soi-même, ne serait-ce pas l’avenir de la pompe ? En revenir de la surcons’ pour faire de ses pieds son oeuvre et ne plus courir après une silhouette qu’on a vu passer dans un magazine. Choisir ses couleurs, pas pour coller à un diktat mais pour s’approcher au plus près de son désir. Choisir ses matières, celles que tout le monde trouve bizarre… sauf vous. Enfin, celles que tout le monde trouve bizarres d’abord puis trouve jolies ensuite. Parce que vous avez laissé parler votre voix et quand on laisse parler sa voix, souvent c’est joli. D’ailleurs, chez Maurice, ils se demandent si ça pourrait intéresser les clientes de vivre cette expérience… Si vous en aviez la possibilité, vous le feriez, vous ? Concevoir en une journée votre propre modèle ?
Donc, suite au post « Qui vient avec moi? », en collab’ avec le site l’exception.com (un site dénicheur de talents français) j’ai emmené l’une d’entres vous avec moi chez Maurice Manufacture pour fabriquer son soulier rien-qu’à-soi.
C’est tombé sur Virginie (oui, je confirme, elle porte la tige de sa chaussure sur la tête) (on dit « tige » pour la partie supérieure du soulier)(et ça lui va bien ya pas à tortiller)
Maurice est une aberration économique. Une usine de chaussures au beau milieu d’un marasme français. Il n’y a plus d’industries, plus de fabricants de chaussures en France, et pourtant, Philippe Granger (qui a racheté cette usine en 1998) réussit le tour de force de faire battre le coeur de sa manufacture. Outre des souliers pour la grande distrib’, il a lancé cette marque quali, Maurice Manufacture, il y a deux ans. Reprenant les dessins des années 50 qui « traînaient » dans l’usine, il s’est mis à fabriquer des mocassins, des derbies, des slippers comme savaient le faire les ouvriers depuis 70 ans, se passant le savoir-faire de génération en génération.
Le lieu n’a pas bougé depuis les années 50. Il est magique.
L’objectif, c’était ça : une paire de derbies (mais j’ai hésité avec les mocassins, les bottines et les sandales) (bref j’ai hésité entres toutes les possibilités quoi).
Quand il a fallu « trouver sa voix » comme je le dis siiii joliment là-haut, et choisir les matériaux, je vous jure que j’ai paniqué. J’ai vraiment cru à un moment que je n’allais pas y arriver. Et devoir renoncer. (oui aussi grave que ça) (pourquoi ai-je la manie de mettre ma vie entière dans TOUT ce que je fais bon sang ?)
J’étais perdue dans une mer de possibilités. C’est très symbolique hein ? Que faire de sa vie, quelle direction prendre, quelle histoire raconter. Ralala. On en revient toujours à ça. Je me cache juste derrière des pompes pour pas vous saoûler trop avec mes doutes.
Après, il y a la nana qui découpe le cuir avec une presse énorme et puissante, mais je trouvais drôle d’écarter les narines avec une paire de ciseaux. Ça fait diversion sur le fait que j’ai toujours pas choisi.
En vrai, j’étais tellement perdue que j’ai fait comme Aimé Jacquet en 98 lors de la Coupe du Monde de football. Quand la partie devenait serrée, il sortait sans cesse un grand carnet noir et le scrutait avec concentration. On n’a jamais su quels étaient les trucs mystérieux qu’il avalait avec tant de sérieux, la seule chose qu’il a raconté c’était que ce carnet contenait « les basiques du football ». Une sorte de grimoire homemade où tous les essentiels de sa win étaient regroupés. J’ai donc inspiré, laissé de côté mon orgueil, les influences, le raisonnable et j’ai rassemblé en un geste sur la table mes basiques de la win : de la couleur, du mat, du brillant, avec une touche de bizarre. Les couleurs et les reflets que la petite fille en moi aurait approuvé et que la femme aimait.
On en voit le curieux personnage sur ces découpes.
Puis, après avoir cousu ensemble les morceaux de cette drôle d’ombre, on la pose sur un moule chauffant, histoire qu’elle prenne forme.
On presse, appuie, colle, coud, bref, les pires horreurs.
On lui donne un nom.
On colle la semelle.
Et les voilà. Elles me plaisent tant que j’ai envie de leur faire une attaque de bisous (comme avec mon fils) (ce sont vraiment mes bébés). Vieux rose, poil jaune safran et cuir miroir légèrement doré. Un mélange étrangement beau. Je suis flattée qu’Ingrid (la directrice artistique de Maurice), Virginie, Maeva de l’exception.com les aiment, que ma famille et mes amis le soir venu aient été émerveillés. Que mon amoureux les trouvent magnifiques. J’ai l’impression que c’est moi qu’on aime. On est fou, nous les humains.
Et celles de virginie, sensass, ethniques, mi python, mi cuir tressé vert d’eau, une pointe de Proenza Schouler. C’est pas n’importe qui mes lectrices.
Ultime décision, on leur attribue des lacets. En vrai, je voulais leur mettre les turquoises, mais il fallait partir dare-dare pour prendre le train.
Je crois que c’est parce qu’on avait trop rigolé.
Merci L’exception et Maurice Manufacture, c’était un moment merveilleux que je souhaite à tout le monde de vivre. Et dites sincèrement, ça vous plairait de faire ça ? Qu’est-ce qui vous ferait peur, vous exciterait le plus, voudriez-vous le faire entres copines ? Patin couffin patata, dites, Maurice le mérite !
Je dis bravo à ce choix de matières et de couleurs. Ce poil jaune safran (j’adore) associé au cuir vieux rose et miroir fonctionne à merveille. Et celles de Virginie sont très belles aussi. Lorsque j’ai eu la chance de pouvoir créer une paire de chaussures, le fait de ne pas pouvoir aller dans l’atelier de fabrication m’a manqué. Alors je comprends votre plaisir et la jubilation à passer la journée à concevoir votre paire chez Maurice Manufacture dont je salue l’esprit d’initiative et le fait de fabriquer en France ! C’est tellement important de maintenir vivants ces savoir-faire. Alors oui, j’adorerais me shoeser moi-même ;-)
@Miss Glitzy Oui, toucher les matériaux est une expérience ultra excitante. Comme de toucher des ingrédients un peu rare avant de cuisiner… bise !
Magnifiques chaussures, et magnifique expérience, à n’en pas douter. Je suis extrêmement jalouse, et moi aussi, je veux des chaussures faites pour moi et pensées par moi au milieu d’une avalanche de cuirs plus beaux les uns que les autres. Et j’imagine très bien la fierté à porter un modèle unique si joliment assemblé. Et puis, cette usine qui défie le temps et la mondialisation, j’aurais adoré la découvrir. Bravo, continuez, toi, elle, eux, yeehaa !
@Sylvia C Comme tout est bien dit ! Merci Sylvia :)
Mais c ‘est tellement génial comme idée!!! Dis bien à Maurice qu’on serait ra-vies de venir faire nos propres chaussures!!!! (oui je parle en notre nom à toutes mais je suis sûre que ça plairait à beaucoup de monde!!) en tout cas très bon choix tes chaussures, elles claquent, elles pètent, elles en jettent tout ça tout ça!
@Audrey Très très bien, encore plus de OUI et Maurice sera convaincu ! Et merci pour les compliments :) tout ça tout ça…
J’adore la comparaison footbalistique !
@THOMAS L Je suis contente que tu le remarques, ça faisait longtemps que je me la gardais sous le coude.
Journée exceptionnelle, haute en couleurs ! Et comme les grands esprits…je viens de poster sur le blog le récit de nos péripéties ! Encore merci pour cette belle expérience, pour ces rencontres formidables et tout tout ! Et pour ces belles photos de moi (ironie) :-) Merci à Maeva et à Maurice Manufacture ! Des bises
@virginie/mode9 Je viens de lire ton post, merci pour ton oeil et ta version :) des grosses bises (et je redis encore une fois combien j’étais heureuse de passer cette journée avec toi)
Merci pour ce récit complètement délirant!
En voyant tes chaussures, je me suis dit, elles sont trop bizarres (comme cette nana, en fait), et une fois portée, je les trouve trop top. Ça doit être ça la classe, ou le talent, ou les deux!
@Anne Rooo bah merci c’est gentil ce que tu dis. Mais je le redis : quand on laisse parler sa petite voix à l’intérieur, ça marche !
Que de palpitations et d’émotions dans ce post ! Je comprends que tu en profites pour caser Aimé Jacquet. Je les aime beaucoup, autant je ne sais pas si j’aurais choisi le jaune (je ne connais pas les autres possibilités!), mais les autres matières/couleurs assurément.
J’aime beaucoup, beaucoup celles de Virginie, mais les tiennes sont folles une impression qu’on ne peut les trouver nulle part ailleurs : qu’un créateur ait l’idée ok, mais que le marketing dise oui ??? Ça les rend diablement excitantes !
(Que c’est agréable de trouver un espace où employer le champ lexical du désir pour parler de chaussures sans passer pour une fétichiste ! Merci <3)
@Clao D’où le plaisir de fabriquer sa propre paire! Il faut que tu essaies toi aussi ! Il n’y aura jamais un service marketing aussi fou que notre propre cerveau ahaha :) (on va convaincre Maurice de faire venir TOUTES les clientes pas seulement les journalistes ou les blogueuses !)
Coucou!!!
Je suis l’aventure Maurice depuis un bout de temps et je suis fan de leurs chaussures!
Mais cette expérience c’est tellement….WOOUUAAHOUUUU!!!!! Le rêve ultime de pouvoir faire ses propres chaussures!!!!
Bravo avec une pointe de jalousie ^^
Ju
Waouhhhhh elles en jettent !! Elles incarnent le printemps, à elles toutes seules :-) Tu vas avoir les abeilles qui viendront butiner tes derbies !!!
Et EVIDEMMENT que j’aimerais faire pareil ! C’mon Maurice !
Awesome you should think of somhteing like that
Ce post ne me rend exceptionelement pas grugru, et ce pour deux raisons:
1) Aimé Jacquet (je suis sur que dans son carnet c’était écrit « muscle ton jeu Robert muscle ton jeu »)
2) les sandalettes léopard apparaissant fugacement sur une photo (je m’en veux d’etre si futile)
Elles sont super vos shooooes, ce jaune, ce brillant, ce cuir tressé ! Oui oui oui, 1000 fois oui, « Maurice », proposez-nous cette expérience. (A un prix raisonnable si possible, les follingues de chaussures sont parfois frustrées financièrement).
J’ai déjà très envie de voir en vrai ce cuir « rayé » rouge et blanc que je crois apercevoir sur les photos. Et je veux sniffer de la colle aussi! Tant que j’y suis. Je me demande même si je n’aurai pas la folie (totale) de me concocter une paire « pas paire ». Flash-back lycéen où je portais une Converse rose et une bleu-navy (achetées avec ma BFF de l’époque).
Je me ferai des chaussures qui « font tout », que même avec un jean quelconque et un simple sweat-shirt, je me dise « tout est calculé, tout est fait POUR les Maurice de dingo que j’ai aux pieds ». Et que les autres se le disent. « Des Maurice », c’est pour soi autant que pour les autres non?
Superbe association de coloris et de matières : très très très belles chaussures !
J’ai vu que l’Exception avait déjà proposé quelques modèles de shoes de bloggeuses sur leur e-shop : est-ce que ce sera le cas pour ton modèle si chouette ?